Nuages divins
C’est par une nuit de pleine lune
Que j’ai cerné son souffle divin
Plongé dans une certaine amertume
Un soir ou je n’avais pas bu de vin
Ici depuis des temps immémoriaux
On appelle cette bise salvatrice Eole
Je me dis que nous manquons chez nous de griots
Il est des choses que l’on enseigne pas à l’école
Les nuages flottent d’une cadence langoureuse décadente
D’où transpercent mille merveilles qui s’éventent
Pour celui qui n’a pas l’œil poétique
.. ..
Je me demande le pourquoi de ce que l’on enseigne
Pourquoi tant de formules et de leçons qui nous saignent
L’imaginaire devrait être notre première source d’éthique
La mare des grenouilles
Le feu crépite dans un marais boueux
Une flamme marine bien debout. Eux,
La narine ne sentant pas la coupure
Tendent fièrement le bras, le cou: purs
Au droit de ce sol de sables mouvants
On décèle des fables, des mouvements
Rien des gazes dangereux inodores
Habitués au bruit, aux mauvaises odeurs
Peu leur importe que la France s’enfonce
Qu’on ne puisse plus s’accrocher qu’aux ronces
Envahissantes briseuses de parfum
Entendez vous le coassement des grenouilles
User ceux qui restent coi, s’agenouillent
Sur cette mare de nénuphars fins
La mer des lucioles
Poséidon est un dieu bien cruel
Même si sa maison est un beau linceul
L’Atlantide voit au cœur de ses ruelles
Les cadavres d’une humanité bien seule
Sous de frêles dunes que pensent les vestiges
De la connivence de leurs mondes engloutis
Leur longue agonie me donne le vertige
Tout autant qu’ils sombrent dans l’oubli
Les étoiles, elles aussi mort vivantes
Qui ne sont pas de celles qui se vantent
Ces nuits venantes ne seront que le reflet
De ces âmes lumineuses qu’on a perdues
Comme celles dans leurs pays qu’on a pendu
Pour qu’on se refuse de les camoufler
Il est des clowns
Il est des clowns cloués aux couilles
Clonés sous leur coquille de cagouille
Dont le maquillage n’efface pas le masque
Effrayants de la réalité de leurs frasques
Une femme de ménage sous l infamie
Surnage surprise par la famine
D’un soit disant bon père de famille
Dirigeant affligeant du FMI
Quand dans les couloirs ça ricane
Un machisme enflammé par jerrycan
Embrase ses yeux qui le maudissent
De leur pouvoir, ils finissent tous par abuser
Ces hommes Tron qui veulent s amuser
Les Domi-Nique Strauss-Kahn ou Baudis
L’hymen de révolte
A table les couverts grognent
De voir servir sans vergogne
Des assiettes Gorgones
Ne laissant miette pour leur trogne
Médusés de celles qui se gavent
Boursières des coffres et des caves
Ils grincent sentant l’heure grave
S’affûtent qu’on les prenne pour des braves
A gaver les méduses percées
Selon la légende de Persée
Il faut qu’ils les décapitent
Sans larmes fugaces à verser
Que Pégase puisse traverser
L’hymen de révolte qui palpite
Petites bohémiennes
Aux petites bohémiennes de mon école
Dont parfois les différences les isolent
Moi je vois la liberté dans vos sourires
Dans votre manière de sauter, de courir
Vos larmes inquiètes quand vous êtes séparées
Sont des bijoux de pureté dont vous vous parez
La puissance qui émane de vos liens familiaux
Est un beau fruit juteux autour de son noyau
Aujourd’hui, on unifie, on ne pardonne
Plus d’être un autre, moi je n’abandonne
Pas l’envie de vous laisser mâcher vos mots
Soyez libres et vous même dans l’enfance
Votre identité a bien plus d’importance
Que d’être fidèle à tous les autres marmots
Faits divers ou la stupidité même
Posé paisiblement le long de la rivière
En pleine image d’Épinal de poète
A siroter une fraîche petite bière
Au bord du canal c’était chouette
Quelques adolescents descendus du quartier
Étaient tranquilles et nageant à se rafraîchir
Quand une escouade de trois policiers
Vint tout simplement… le leur interdire
Contrôle d’identité et rappel à la loi
Pour ces jeunes complètement cois
Qui n’avaient que maillots et T.shirts
Comme quoi un simple arrêté municipal
En plein été me laisse le visage pâle
Ecoeuré que la loi puisse servir de chiottes
Can I help you?
A coté de notre camp entre Mystra et Sparte
S’est établie une bien drôle de colonie
Aussi affabulateurs que des diseurs de cartes
Il parait qu’il est de grandes vérités que l’on nie
Ils sont la en mission et ils ont dans des cartons
Entassé 58000 bibles pour tout le Péloponnèse
Je ne peux m’empêcher de les prendre pour des charlatans
Quand approche de moi une française un peu niaise
Dès que l’on mélange religion et prosélytisme
Je me réfugie dans une sorte d’autisme
Surtout quand on me dit « Can I help you ? »
Je les mets au même niveau que les proxénètes
Les livrerais au tribunal devant un proc c’est net
Ils t’abordent avec le vocabulaire des voyous
Le radeau
Errant dans les vents vagabonds
Flottant sur une vague équivoque
Épris d’un galbe au beau rebond
Mon cœur n’est plus que bicoque
Ce radeau, comme un cadeau médusé
Si heureux de mouiller en son sein
La mer aux reflets verts semble s’en amuser
Tel ses doigts sur le clavier d’un clavecin
Et ça tape et ça clapote sévère
Le torture t’elle pour en tirer ces vers
Un bois humide peut il encore brûler
Le soleil asiatique et les îles désertes
Si l’on s’y croit à l’abri des tempêtes
N’empêche pas le tsunami d’hululer
Allons enfants
Partout peu importe ou nous passons
Il faut sans cesse que l’on en croise
A croire qu’ils se diffusent comme un poison
J ai l’impression qu’ils me portent la poisse
Que ce soit en famille ou en groupe
Des plus anciens aux adolescents
J’aimerais qu’ils nous lâchent la grappe
Ce voyage en serait moins blessant
C est tellement bon d’être dépaysé
Leurs voix commencent à m’épuiser
Car sans raisons ils croient qu’on est potes
Pourquoi sont ils si heureux de nous trouver ?
C’est ma patience qu’ils finissent par éprouver
Mes doux, mes chers et tendres compatriotes
Les fuites
Poitiers est une salle de bain avec en son centre un cabinet
Dont le carrelage lisse permet au maire de se mirer
Du haut de sa cabine il ne voit pas couler le robinet
Pour lui rien ne se fissure, tout est bien colmaté
Sous le sol pourtant les rats grattent le parquet
Loin des vies d’apparat venant du fond des égouts
Où l’on goûte le mépris de ceux qui viennent te braquer
Où la loi est une pisse te saisissant jusqu’au cou
Qu’il tire donc la chasse d’eau pensant évacuer sa merde
Qu’il arrose ses chiottes, le TAP ou le Confort Moderne
Pensant que son détergent effacerait les traces du Plan B
Là où la terre gronde c’est que poussent les mauvaises herbes
Toute une armée de nuisibles envahissent les tuyaux de la plèbe
Même le marbre peut exploser si on se passe de plombiers
Intimité?
Sept huit regards dépassent du bord de la piscine
Pour lorgner au loin sous les dessous d’un cyprès
Une jeune amoureux et sa future petite copine
Ah s’ils savaient qu’on les observe de si près
Ils se parlent depuis plus d’un quart d’heure
On sent bien qu’ils sont gênés par leurs deux mains
Lui se gratte la tète, elle remet en place son débardeur
On s’impatiente se disant qu’il faudrait attendre demain
Mais à un moment sans que l’on sache pourquoi
Elle s’approche de lui qui reste un peu coi
Pour lui offrir leur tout premier bisou
Et ce pas vers l’inconnu sert à les masquer
Nous restons sur notre faim nous les embusqués$
Le destin leur a laissé leur intimité, allez zou… ….
Un réveil
Il est des choses naturelles à l’âge des ados
Qui passé les trente ans est une sorte de cadeau
Depuis dix jours maintenant au réveil dans ma tente
Se produit un renouveau en forme de détente
C’est pas que j’avais oublié ce phénomène
Mais c’est pas tous les jours que les fées nous mènent
Vers une sensation affirmant notre vitalité
En sortant des bras de Morphée que l’on vit alité
Et celle dont je vous parle n’est pas d’une certaine mollesse
Je serai tenté d’affirmer que c’est d’une parfaite noblesse
De la lignée droite et fière du Général de Gaule
Que chaque matin je me retrouve au garde à vous
Baigné en pleine jouvence je vous l’avoue
Quelle belle tradition que la gaule !!!