Le slam dans les classes

Par Virginie Mege

TIRÉ DE LA PAGE
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Poésie et Slam, même combat
Le Slam constituant l’expression d’une poésie originale, moderne et orale, pourquoi ne pas l’utiliser en classe et faire slamer les élèves ? L’idée est séduisante, encore faut-il savoir ce qu’est le Slam, identifier ce qu’il peut apporter dans le cadre de l’Ecole et imaginer comment on peut réellement l’intégrer dans les cours sans tomber ni dans l’exploitation-prétexte ni dans une démagogie stérile.

Le Slam est un « outil de démocratisation et un art de la performance poétique » explique la Fédération française de Slam Poésie (FFDSP). Il est un « lien entre écriture et performance, encourageant les poètes à se focaliser sur ce qu’ils disent et comment ils le disent ». Au départ, le principe du Slam est simple : après s’être inscrit, le slameur est invité à dire son texte en un temps limité (de trois à cinq minutes selon les scènes) et sans musique. Le public est indulgent et la récompense systématiquement acquise, le slameur se voyant offert un verre par le bar organisateur, quelle que soit la qualité de sa prestation. L’improvisation est permise mais la plupart du temps, le slameur travaille son texte en amont pour le scander avec perfection. Démuni de musique accompagnatrice, le Slam « a cappella » n’en est pas moins rythmé. Dans cette poésie de l’oral, les exploitations des sonorités et le pouvoir des mots sont à l’honneur. De quoi séduire, bien entendu, plus d’un professeur de français en quête d’un moyen de motiver ses élèves pour l’étude de la poésie.

Depuis environ deux ans, le Slam a investi les établissements scolaires, institutionnels et culturels français. Des médiathèques aux IUFM en passant par les bibliothèques, les théâtres, les établissements scolaires et les centres pénitentiaires, on semble le trouver partout. La Direction des Affaires Culturelles de la Mairie de Paris a d’ailleurs favorisé en 2006 les projets de Slam Productions, notamment de nombreux ateliers de Slam et d’écriture en milieu scolaire, au titre de « la culture, de la politique en faveur de l’égalité femmes / hommes et de la politique en faveur de la jeunesse ». Le site du CRDP de l’académie d’Amiens consacre quant à lui une « fiche technique » sur le slam et les expériences pédagogiques se multiplient. On peut s’interroger sur un tel engouement. Qu’apporte donc le Slam ? Pourquoi les écoles, collèges et lycées le plébiscitent tant pour les cours de français ?

Facile d’accès, peu contraignant, le Slam permet une nouvelle approche de la poésie ainsi qu’un travail de l’oral (en production et en réception) pour les élèves de primaire et les 6ème-5ème de collège. « Le slam c’est avant tout une bouche qui donne et des oreilles qui prennent. C’est le moyen le plus facile de partager un texte, donc de partager des émotions et l’envie de jouer avec des mots » précise le slameur Grand Corps Malade dont l’album Midi 20, véritable succès depuis mars 2006, s’est vu récompensé par deux victoires de la musique. Par le truchement du slam, les élèves sont donc invités à surmonter leur inhibition face à l’écriture et à découvrir la poésie.

Outre le côté ludique qui plaît aux plus jeunes, l’écriture slam présente aussi l’intérêt d’une sensibilisation concrète aux sonorités. Un professeur de français en témoigne dans un entretien avec le slameur dit « Vers Saint Rhétorique », de la S.L.A.M (Section Lyonnaise des Amasseurs de Mots) : « Ton intervention de trois heures devant mes élèves a été très bénéfique. Les allitérations, les assonances, les champs lexicaux… leur ont semblé tout à coup beaucoup plus concrets. Ils ont compris ce que signifiait la « musique des mots ». Tes exercices de slam devraient être intégrés aux manuels scolaires. » (1er février 2007). Les slameurs sont conscients de cette reconnaissance et ce même « Vers Saint Rhétorique » déclare : « A nos débuts dans le slam nous étions complètement décriés par les profs de français, entre autres. Ils n’étaient pas les seuls. Et la tendance s’est inversée. Maintenant les profs reprennent certains exercices pour intéresser les élèves à la langue ».

Il est vrai que les slameurs sont désormais régulièrement sollicités par les établissements scolaires. D’une manière générale, pour une intervention, il faut prévoir un slameur pour une dizaine d’élèves, l’atelier d’écriture étant facturé environ 50 euros de l’heure. Dans le cadre d’une scène slam, le budget s’élève à plus de 260 euros. Bien entendu, les prix varient selon les slameurs, les régions et la dimension du projet. Celui-ci reste en effet à définir.

Le Slam, plus qu’un moyen, devient parfois un réel objectif à atteindre. Ainsi certains professeurs n’hésitent pas à inclure le Slam dans une réelle pédagogie de projet. Les classes peuvent par exemple participer à des tournois de grande envergure, notamment au Slam Interscolaire organisé par la FFDSP dans la ville de Bobigny, le dernier en date du 26 au 30 juin 2007 ayant remporté un vif succès.

De façon plus modeste ou du moins dans une optique peut-être plus pragmatique et scolaire, le Slam peut être utilisé en fin de collège ou en lycée pour mieux comprendre la poésie engagée. De Melancholia de Victor Hugo dénonçant le travail des enfants du XIXème siècle industriel aux textes des artistes des banlieues d’aujourd’hui exprimant leur mal-être à coup de mots, il n’y a finalement qu’un pas, que le Slam aidera les élèves à franchir aisément. La visée argumentative demeure, la force de la mise en forme du langage reste omniprésente. Les professeurs peuvent envisager non seulement d’initier les élèves à l’écriture slam mais aussi les inciter à étudier des poèmes dits classiques, en les slamant. Le sempiternel exercice de récitation en prendra un sacré coup de jeune !

En fin de compte, slamer, n’est-ce pas revenir aux sources de la poésie antique ? Les slameurs eux-mêmes se réclament de la lignée littéraire traditionnelle et se considèrent comme de nouveaux poètes engagés. Il n’y a qu’à naviguer sur les sites Slam pour s’en convaincre. « Cocteau Molotov » de « La Tribut du Verbe » (à Lyon) explique par exemple que son pseudonyme est un « pastiche de Raskolnikov » puisé dans Crime et Châtiment. Il se définit comme un « artisan du mot », un « tueur à langages prêt à exécuter tout type de contrat poétique ». Cette même Tribut entend d’ailleurs « faire émerger le slam comme nouvelle discipline artistique. Les mots finissant toujours par sortir de leur définition, le slam devient un styloratoire ». Le slam est alors « un art basé sur des formes d’écritures et de déclamations poétiques renouvelées. Un art de dire en rythme ». Dans une démarche « poétique et scénique » la Tribut souhaite ainsi explorer « la terra incognita du slam, un pays redevenu vierge mais délimité par d’antiques bornes » car « la poésie slam est un croisement, une convergence de sources et de pratiques différentes ».

Pour ces slameurs, « la poésie n’est pas un vieil objet, une antiquité. Elle suit son temps en se déjouant de l’actualité. Elle est « mots-derne » en ce sens qu’elle fait circuler l’énergie des mots. Une énergie renouvelable. ». Le slam est, on le voit, à étudier alors comme mouvement culturel à part entière, au même titre que le romantisme ou le surréalisme. De plus, il ne renie pas ses racines. Poète oral contemporain, héritier de l’Antiquité, le slameur redevient le « fabricateur » de vers qui scande ses mots pour charmer son auditoire. Il y a là matière à réflexion pour les élèves et ceux-ci parviendront sans doute à mieux comprendre ce qui définit la poésie et ses origines.

Au-delà d’un simple phénomène de mode, le Slam est en train de devenir un véritable partenaire des enseignants de la langue française.
Il serait dommage de le nier…
et de s’en priver !

Pédagogie des ateliers slam d’Onizu-k

« Ne soyons pas hypocrites, nous ne sommes pas démocrates
Même si des lois sont écrites, elles cachent une vérité ingrate
Cet étendard du droit de vote que l’on brandit comme un soleil
Ne sert que des rois despotes nous enserrant dans le sommeil »

Le but c’est de rendre accessible et enrichir la déclamation poétique, du jeu de l’écriture et de la parole, à la performance scénique; par une pratique conviviale, vivante et interactive.
En somme, ces ateliers visent à respecter l’étymologie même du mot poésie (action de faire, création de textes) et lui donner une dimension slam dans le partage oral.

Pour cela, nous instaurons une ambiance conviviale en cercle pour favoriser l’écoute. Les premiers jeux sont simples, courts et oralisés histoire que chacun apprivoise sa voix en public. Ensuite les jeux concernent différents outils poétiques (allitérations, alexandrins, jeux de mots, etc…) servant la rythmique orale tout comme la forme écrite.
Les premières déclamations sont courtes (vers simples, quatrains) pour favoriser le coté vivant et rythmé de l’atelier. Puis une fois ces quelques outils acquis, nous passons à la constitution de textes à part entière, seul ou en duo, toujours avec une contrainte particulière sous forme de jeux ou de défis (placer des mots, contrainte orale; etc…)
Vient le premier tour de slam à proprement parler où tout le monde déclame son texte
Ensuite, nous travaillons l’oralité du texte sur des contraintes de prononciation, de ponctuation et de corporalisation.
Plus les séances avancent, plus on « slamifie » l’écriture avec des concepts (sur le thème, les sons, etc…) ou des contraintes à tendance oulipienne.

L’aboutissement d’un atelier slam est la prise du micro sur scène (dans ou à l’extérieur de la structure). Pour chaque participant (professeurs ou encadrants compris car on vous fait participer bien sur), ça reste généralement un souvenir tout à fait particulier, qu’on ait fait rire, qu’on se soit mis en colère, qu’on ait touché, qu’on ait fait pleurer, qu’on se soit  révêlé, qu’on ait marmonné ou encore qu’on ait été simplement surpris de ce moment de poésie vivante.

Un slam n’est jamais anodin…

« La fuite des cerveaux »

Quatrains

Rien n’y fait je reste sans cesse plombé au ciel
Prisonnier d’un éclair qui ne pourra s’extraire
Je voltige incapable de trouver le soleil
Ce veinard dont les rayons viennent frapper la terre


Elle ne marche pas encore, se lève et pourtant
Semble éclore à la lueur de ce maudit printemps
Cette année comme les morts, les bourgeons ont de l’avance
Et elle, ma fille, la fleur au corps, elle danse


La neige en Californie n’a pas fait fondre la poudre
Depuis que la foudre a frappé le chemin des Dames
Sur ce plateau plus piqueté d’obus qu’un dé à coudre
Le sang a figé l’Histoire tel un macadam de drames


A trop mélanger les torchons et les serviettes
Tout le monde va finir par se salir les mains
On pense à chaud comme on chie sur la cuvette
Les pieds ne touchant terre; l’homme est devenu nain


Les arbres ce matin ont sorti leurs tenues de cristal
Que pourraient jalouser les dieux
Pendant que les cœurs d’ados tristes calent
Devant le fait qu’il va falloir faire ses adieux


La vie est un fruit qui finira par pourrir
Si l’on ne prend pas le temps de la déguster
Pardonnez nous qu’elle nous serve pou rire
Effleurant le péché, nous les vers incrustés


Un cerveau humain, c’est comme une bonne glace
Il fond dès qu’on lui lèche de trop près les idées
Si ce monde est devenu si dégueulasse
C’est que la boue a fini par dégouliner


Belle des fleurs mauves
Et des verts émeraude
Elle a la faveur des fauves
De leur âme quand ils rodent


Je ne suis pas un valentin
Qui va aujourd’hui exprimer son amour
N’étant pas un morne pantin
J’ai besoin de toute une vie et pas d ‘un seul jour


Quand la fatigue tombe mais que le somme nie
Rie de pleine lune et que la sonnerie
Te fera l’effet d’une bombe
sous la dune de ton insomnie


Les lumières incendières
Des premières lueurs de l’aube
Tâchent les souvenirs d’hier
Comme du vin rouge sur sa robe


Au pays ou les couples s’appellent amoré
S’écoulent des jours paisibles ou j’aurais
Envie d’etre libre rien qu’avec mon amour
Et lui donner une nom qu’elle seule savoure


Les campeurs le matin sont vraiment dégueulasses
Aux chiottes ils laissent leur merde et leur pisse trainer
Sans peur ils vont ensuite s’admirer devant la glace
J’aimerais qu’elle les leur projette sur leur visage d’acné


Replonge dans « Les paradis artificiels »
Ou s’allongent les nez des teneurs de ficelle
Qu’aurais bien pensé Baudelaire de Gepetto
En le lisant, je me dis que j’espère trop…


Bonheur, reste bien planqué dans ta cachette
Je te cherche le doigt posé sur la gachette
Je n’aurais aucune pitié vieux mercenaire
Je te tuerai pour me faire vomir ces nerfs


Montreuil et son PMU rempli de maliens
Mon oeil que certains y fassent les malins
De jouer leur survie selon la bonne fortune
Dans ce hasard mondial ou les plus forts tuent


A trop chercher leurs confidences
Et vouloir leur montrer du respect
On oublie que quand les filles dansent
Un moins con est la pour les attrapper


Sous un tel temps que l’on pourrait qualifier de merde
Comme si les nuages faisaient sempiternellement pipi
Je me souviens que petit? avec l’aide d’un beau cèdre
On s’inventait de belles cabanes ou meme des tipis


Les mouches en Sicile sont vraiment tres méfiantes
Mon corp leur semble aussi doux que de la fiente
Quoi de plus ridicules, insignifiantes et pourtant
Elles sont pour ma sieste un virus omnipotent


Elle est belle cette frontière entre deux univers
Peut etre est ce une main tremblante qui la dessine?
Est elle si finement ciselée en hiver?
Les vagues sont des peintres qui maquillent les plus jolis signes


Il est un labeur ou l’on se lève aux aurores
pour se retrouver à errer dans un charnier
Drôle d’enfer ou derrière la métaphore dort
Une complainte désuète d’un charme niais


A l’horizon, par delà la falaise
Je cerne la torpeur de Syracuse
Au Marigio, je me sens bien à l’aise
Comme un empereur que les sbires accusent


Comme porté par des cycles
Je me sens porté par la vague
Nul besoin de musique classique
Ou de portées, je divague


Le soleil au zénith m’écrase de fatigue
Pourtant zen et vite j’attrape une figue
Je la croque et son jus aspire ma sécheresse
Oh comme j’aurais voulu que tu sois le fruit que je presse


Mon costume de bronzage
Ombré par un touffu pelage
Ne me protège ni de chaleur
Ni de ton absence dans mon coeur


Pendant que les italiens portent des slips moulants
Et se couvrent de ridicule, passent roucoulantes
Des italiennes qui les rentrent dans leurs fesses
Oh belles couronnes callipyges de princesses


La langue italienne est un vrai délice
Elle s’allonge d’expressions délicates
Légère comme portée par des hélices
Ou ces bulles de savon que tu éclates


Pourquoi j’apprécie autant les sportifs?
L’individu vit par le collectif
Puis à l’illusion du nous, je, tu, elle
Ils inondent le monde de jeux virtuels


Le groupe permet de se protéger d’autrui
La solitude? Un boulier peu efficace
L’isolement, un ressort pour faire le tri
Et que je me sente au mieux sur ma case


Tout retour n’amène pas au point de départ
Tout évolue et nous revenons différents
Que ce soit pour les hommes ou les léopards
L’âme nomade nous transforme en torrent


Les enfants font des coucous au train
Rigolant des signes émis en retour
Ma seule réaction se résout à rien
Amorphe comme la cible d’un vautour


Mon ventre dessine quelques vagues
Et je sens venir les grandes marées
Tant qu’elles ne déposent pas des algues
Mon transit reste solidement amarré

Slams

L’homme

Attablé dans un bar à bousculer des broutilles
Lors de débats avares, agacé par des gars futiles
Je rejoignis le comptoir et sa fine psychologie
Pour qu’il me compte ses histoires et que je retrouve la magie

Les coudes écartés comme les cuisses des machos dans le métro
Les doigts éclatés prenant machinalement ses nachos
Enfoncé sur son siège en chène dont il était les racines
L’homme me conta ses chaînes et les pièges, mais jamais ses origines

Il m’a dit des décénies de mardi, de lundi, de dimanche
Décimé des lendemains et des jours d’avant qui flanchent
A confondre le fiel, les nuages et l’ire du réel
Il m’a dit qu’il craignait de respirer son air à elle

Il récita un poème, c’était pas celui d’un autre
Je sais reconnaître celui qui sait puiser de ses fautes
Pour lui le problème ne venait pas de ceux qui se vautrent
Mais de ceux qui se luxent, et ne prètent pas leur épaule

Son silence à cet homme c’était tout un langage
L’inverse du présent où le vide compte les décibels
Les mots se cachent, aujourd’hui les images
Défilent comme naguère les mirages militaires dans le ciel

Quand il prenait son verre, sa gorgée faisait rivière
Il devait forger sa verve sur des rêves en civière
Et si vite et si vide qu’hormis des restes de mousse
On y cernait un tonnère de ceux qui donnent la frousse

Pour apaiser le peintre des pintes, héritier de Zeus
Je lui payais une nymphe à nicher dans son alcove
Sa bourse semblant plus mince qu’un papier de 5 keus
Les courbes de la blonde firent luir ses yeux de beaux éclairs d’alcool

Et c’est là qu’il m’a dit bien plus qu’un poème
Là quand la musique se pose sur une langue sincère
Où le regard filtré par d’obscurs théorèmes
Trouve des oasis de clarté chez les âmes désertes

Alors sa peine profonde a hurlé en coulant
Les nœuds se tendant sous les yeux de sa potence
L’homme était condamné à ne pas faire semblant
Car le poète est une lame devant tuer le silence

Je soufflais sur les brumes oui ma coupe était pleine
Et j’inspirais son air léger de sagesse et de peines
Non je ne sentais pas qu’il me poussait des ailes
La gravité de l’homme m’avait tant éloigné du ciel

Depuis ce jour, dans les bars d’ici et d’ailleurs
Je m’ancre à la terre autant que j’encre sur l’homme
Et l’engrais des cancres comme l’amour le meilleur
Enchantent mon sang comme le plus pur des opiums

Et le sens me pénètre je peux dire qu’il me guide
Sans que nul prophète ne vienne filtrer ce fluide
On ne nait pas poète, on le souffre de sa vie
Nous, les volcans lestant le monde de sa furie

La complainte d’une baleine

Observez moi cette masse, cette lenteur dans le mouvement
Cette indolence et cette grâce qui fendent l’eau si calmement
Je me fais rare à la surface, seulement il faut bien respirer
L’air de ce monde qui s’efface, où plus rien ne reste secret

Je suis la baleine qui trace ses remous là où tout est lisse
Petit poète de la place qui a les fanons qui s’hérissent
Quand ils doivent filtrer la crasse des eaux polluées d’humains usés
Ce sont les mêmes qui me chassent, ils se sont déshumanisés

Eux aiment se noyer dans la masse, ne savent même plus s’écouter
Se prennent pour les maîtres de l’espace, mais n’ont qu’un égo pour se guider
Ils veulent me piéger dans leur nasse, il faudrait bien plus qu’un filet
Leurs réseaux sont inefficaces face à un poète cétacé

Peu importe qu’ils me menacent, que je ne sois plus de leur espèce
Mon sonar ne reste pas de glace car je sens bien qu’on les oppresse
Dans mes chants mille crevasses, dans mes poèmes mille plaintes
Moi je suis de cette race les assumant sans nulle crainte

Et ils ont beau se taire pour masquer leurs souffrances
Moi je perçois au loin les SOS qu’ils me lancent
Lorsque je rejoins les profondeurs en plongeant
J’entends quand ils déchantent le silence des gens

Entendez-vous toutes les angoisses qui m’accaparent et qui m’effleurent
Les sons sortant de ma cuirasse, tant de folies et tant de pleurs
Si mes complaintes sont si vivaces, dignes des blues les plus balèzes
C’est que la baleine grimace comme un jazzman sur la braise

Oui entendez-vous dans mes basses toute l’épaisseur de vos misères
Ou quand se brisent vos carapaces les acouphènes de vos prières
Imaginez comme je suis lasse de vous sentir gâcher tous vos rêves
De s’influencer pour des liasses pendant que la planète en crève

Tout lentement je me déplace comme si j’étais à la dérive
Continent de tragique j’entasse vos détritus de mal de vivre
Que j’en recycle du dégueulasse pour en tirer de la beauté
Toute cette boue je la fracasse en explosions de sonorités

Et quand ma musique vous embrasse la tête sous l’eau sans oxygène
Une poésie vous terrasse et là plus rien n’est anxiogène
Au fond de nous ça se tasse, ya quelque chose d’universel
Bien enfoui ça refait surface et ça nous lie sous le même ciel

En attendant que je trépasse, que disparaisse mon espèce
Poète-baleine dans ma carcasse j’offre à vos âmes mes caresses

Et lorsque vous vous tairez pour masquer vos souffrances
Dîtes vous bien que dans les abysses de l’espérance
Des poètes puisent et leurs voix vibrent en y plongeant
Eux seuls entendent quand ils déchantent le silence des gens

Le volcan

Je pleure des laves comme un volcan, lourdes et qui s’accrochent
Rampent lentement vers le sol quand toute l’humanité décroche
Je pleure lourd comme un Géant, un vrai festin de Gargantua
Sans digérer tout ce Néant, tout ce que ce carcan tua

Je pleure sourd comme un gosse, je pleure pareil à cette France
Je pleure ces doigts gras sur la crosse, tueurs aveugles plein d’arrogance
On m’a plaqué contre un mur sans m’avoir bandé les yeux
Mon tocsin n’est que murmure, vulgaire bâillonnement malheureux

On m’avait pourtant prévenu. Il fallait bien choisir un camp
Maintenant que la guerre est venue…
Je pleure des laves comme un volcan

Je me souviens bien des extrêmes, des identitaires dans le rap
Des Morano, des Le Pen ou des cris d’alarmes du pape
Je me souviens de la mascarade, du défaussement démocratique
Du populisme et des cascades des libéraux trop dogmatiques

Entre les chantres du vieux pays et les diktats des couleurs
Il faut voir ce qu’on a haï pour d’hypocrites douleurs
Et pourtant nous étions riches, qu’elles étaient belles nos maisons
A trop spéculer pour des niches, on en a perdu la raison

Le problème, c’était pas Jésus. Le problème, c’était pas l’Islam
Le problème c’était Crésus ou la bêtise de quelques imams
Du territoire à la patrie et du bitume à la nation
Ce sont toutes ces idolâtries qui ont forgé notre poison

On a perdu des libertaires, on a perdu des pacifistes
Tous enterrés, des médias sous fers ont fait des citoyens égoïstes
A trop bouffer du Finkelkraut, du Soral ou du Alain Minc
On alimente l’aiguille qui trotte pour qu’à la fin tout le monde trinque

Non dupe du compte à rebours, on s’est noyé dans le siphon
En tapant fort sur des tambours pour nous faire péter les plafonds
Au grenier, yavait pas de Dieu. A la cave, les psychologues
Jouaient les braves, les furieux pendant qu’à table les oncologues

Prescrivaient des psychotropes pour alimenter notre névrose
Qu’elle était blanche notre vielle Europe alors qu’elle souffrait d’arthrose
Boiteuse et sur la béquille comme l’ont été nos poilus
L’argent filait comme une anguille avec un cynisme absolu

Et pour une chemise qu’on déchire, on effaroucha les rebelles
Surprotégés tous ces messires mirent bien des gens à la poubelle
Puis vint la guerre, c’était écrit. Il fallait bien remplir les caisses
Et puis comme ça on fait le tri de ceux qu’on peut tenir en laisse

L’Etat dans ces circonstances n’hésite pas à creuser sa dette
Avec son peuple, quelle importance quand les sous fifres servent la vedette

Et comme un con je sers d’exemple face à leurs armes les yeux ouverts
Sacrifiés sur leur temple comme un païen pris à revers
On a mythifié le progrès, cyclique est notre univers
Les puissants pissent sur nos raies en nous prenant de travers
Ces pervers se sentent forts. Depuis toujours ils manipulent
Nous la Plèbe qui ne fait pas l’effort de les secouer sans scrupules

Alors Oui je le refuse d’enfiler leurs droites bottes
Et même si on m’accuse de brader le droit de vote
Je ne cautionne plus l’Etat, anonyme et sans remords
Face à tous ces potentats, je ne serai même pas matamore

A la guerre je préfère le vide
Je vais laisser couler mon sang
Mon holocauste me rend lucide
Je pleure des laves comme un volcan

L’armée 2.0

En me présentant devant vous
J’avoue que je vis un paradoxe
Je mets ma langue au garde à vous
Alors qu’il faut que je me désintoxe

Honnêtement reconnaissons
Que nous sommes tous alignés
Têtes bien hautes dans le peloton
Soldats d’une armée devant l’ clavier

Chacun se vénère pour conquérir
Sa petite part de vérité
Et quand j’me vois en con courir
Prêts à piller, à violer

A travestir ma liberté
Pour le plaisir d’avoir raison
J’me dis qu’on va finir mutilés
A multiplier nos opinions

Quelque soit l’âge des lèvres
Il n’y a plus de convention
Le flot des débats dégénère
La guerre des boutons comme mission

Le buzz a remplacé Genève
Tout le monde se veut atomique
Et comme un chacun je m’énerve
Putain d’reflexe automatique

La parole était une arme
Elle n’est plus que le témoin cinglant
Qu’à force de tirer sur l’alarme
On ne lâche plus qu’des balles à blanc

L’état major lui se gargarise
Sous prétexte de notre sécurité
Derrière leurs casques leur mainmise
Nous guident vers l’obscurité

La lumière des projecteurs
Nous fait tomber comme des mouches
Le feu d’la chaleur de twitter
Nous achève tous dès qu’on y touche

Une armée, un troupeau de chèvres
Qui se promène sans berger
Et qui bêle la bave aux lèvres
Pendant que rodent les RG

Les réseaux sociaux : un filet
Qui fait un max de prisonniers
Camp d’concentration maquillé
Qui va faire de nous un charnier

Nous ne sommes que chair à canon
Sous leurs missiles publicitaires
Contre leurs radars sa protection
Est devenu de se taire

Se planquer dans sa tranchée
Est la seule force de désertion
Pour cultiver faut s’arracher
Des mauvaises herbes par millions

Car On a les doigts qui s’agitent
Prêt à presser sur la détente
Quand La touche entrée nous invite
A sortir ce qu’on a dans le ventre

Les commentaires sentent le vomi
Nos mots dévoilent nos viscères
Ne sentez vous pas l’antinomie
De s’imprégner d’ toutes les misères

On se peinture la morale
Pensant qu’sous ce camouflage
Il n’est que son propre idéal
Qui nous pilote dans des mirages

Qu’Il est facile de lâcher les bombes
En étant bien loin de la surface
Sur Facebook on creuse des tombes
Quand on tapisse Nos interfaces

Nos murs sous les médailles
Tous ces like sur nos vestes
Ou l’honneur des champs de bataille
S’exhibe en faisant ce geste

Ah ce que la guerre est populaire
Quand on se cache sous des pseudos
Et de nos jours elle pollue l’air
On parle tous comme des ados

C’est tellement cool les clashs
Les insultes, les contender
Ce lit est le matelas des lâches
Sur lequel ils veulent qu’on t’endorme

On glorifie le nombre de vues
Tu peux devenir un héros
En montrant ton trou du cul
Pour eux tu n’es qu’un numéro

Les généraux eux se nourrissent
N’accordant que de laisser des miettes
Militaire est notre service
Quand on a le doigt sur la gâchette

Ou sur la molette d’une souris
Résister doit être notre fer de lance
Pour lutter contre l’armée des soumis
Moi je vous mendie des silences


Du haut de ma fenêtre

Du haut de ma fenêtre, je vois un bâtiment
Vêtu d’un néon rouge, entouré de ciment
Si on prend la peine de l’observer un moment
Je dirai qu’il n’évoque rien, aucun sentiment

J’ai mis un bon moment avant qu’il ne m’attire
Je le croyais mourant dans ma ligne de mire
Je ne pensais pas qu’un simple supermarché
Etait en fait le plus grand des bars du quartier

Des 8h du matin, bien avant qu’il n’ouvre
Certains y font la queue comme d’autres la font au Louvre
Les alcooliques sont des gens bien matinaux
Et sifflent leurs doses au premier chant des oiseaux

Ils sont presque une dizaine, fidèles à ce rendez vous
Une meute de solitaires contrairement aux loups
Ils partagent avec eux une certaine discrétion
Une bande d’invisible si on n’y prête pas attention

Ils savent prendre leur temps quand la grille se relève
N’allez surtout pas croire qu’ils se précipitent
Si certains corps tremblent, à peine bougent leurs lèvres
Comme s’ils soufflaient un instant au bord d’un précipice

Intrigué par cette danse à la sombre chorégraphie
Je n’ai su m’empêcher d’aller jouer les vautours
Observer dans le silence cette scénographie
J’ai traversé la rue d’un pas légèrement lourd

Alors que certains rôdent faisant quelques courses
D’autres tracent tout au fond où se trouve le rayon
Qui seul peut intéresser leurs biens frêles bourses
N’allez pas croire qu’ils boivent des coteaux du Layon

Les bouteilles sont en plastique, les canettes sont fortes
Le taux d’éthanol importe bien plus que les grands crus
Ils prennent ce qu’ils peuvent porter en passant la porte
La plupart partent à pied quand ils retournent à la rue

Il en est un tout de même qui suit son protocole
Il a besoin de sa flasque pour prendre sa biture
20 cl de whisky, 64 grammes d’alcool
Qu’il descendra cul-sec en montant dans sa voiture

La caissière le verra retirer l’emballage
Pour glisser le précieux dans sa poche de jean
Jeter le carton dans une poubelle sur son passage
Puis prendra la route sans que ça nous chagrine

Un autre dans son sac entassera des litrons
Peut être pour éviter qu’on le voit trop souvent
Sur son visage, ses rides se pressent comme un citron
A-t-il trente, quarante, cinquante ou soixante ans

Je pense à leurs nuits qui ont été bien dures
Je pense à leurs jours qui doivent être bien longs
Je pense à leurs vies surement faites de blessures
De déchirures d’amour, de multiples tourbillons

Vu de ma fenêtre je ne soupçonnais pas
Que dans mon quartier, autant de gens se noient
Que les caissières qui leur donnent un mot, un sourire
Sont une des seules portes qu’ils s’accordent encore à ouvrir

Du haut de ma fenêtre ce drôle de bâtiment
Je le vois désormais avec un peu d’indulgence
Tant d’appels au secours que ce monument
Au néon rouge de super U vaut celui des Urgences


Démocrates hyppocrites

Ne soyons pas hypocrites
Nous ne sommes pas démocrates
Même si des lois sont écrites
Elles cachent une vérité ingrate

Cet étendard du droit de vote
Que l’on brandit comme un soleil
Ne sert que des rois despotes
Nous enserrant dans le sommeil

La force du nombre plane
Un bouclier qui nous protège
Dans le confort d’une ombre fade
Nous sommes les moutons du cortège

Assumons-nous cet héritage
Que des puissants nous ont laissés
Que l’électeur prend des virages
Qu’il est facile de l’enlacer

On se sent bien dans cette étreinte
Figeant notre coté masochiste
Voyant bien qu’ sous la contrainte
On se serre vite les cuisses

Un système pour les pantins
Dont les coudes se désarticulent
Sous le poids de nos bulletins
Ils se prennent pour des Hercule

Baptisés dans l’apologie
Du pouvoir de s’exprimer, de choisir
Les grecs ne trouvaient pas ça logique
De faire de la politique un loisir

Car sans impliquer les gens
On ne fait pas d’eux des citoyens
On prête juste allégeance
Aux partis qu’ont les moyens

Sans le tirage au sort
Notre démocratie est un leurre
Elle s’épuise, elle s’essore
N’est qu’un Arlequin d’une seule couleur

Comment leur faire comprendre
Quand toutes nos voix s’essoufflent
Que l’seul devoir d’entreprendre
Nous habille tous de pantoufles

La tête sous la cellophane
On pense rester clairvoyant
Le vote reste un droit de douane
Que l’on passe en se noyant

L’éligible légitime ?
A l’heure ou les valeurs ne sont que d’apparat
Ou les bourreaux trompent leurs victimes
Car de l’urne tu passes à paria

Faut-il voir se dessiner le décor
La marée de la marine monte et sévit
Est-ce l’heure d’une prochaine mort
De notre phœnix aux sept vies

Une sixième remise en cause
Notre république au bord de la fenêtre
Faut-il attendre sa ménopause
Pour que notre temps ne fasse rien naitre (être)


Printemps

C’était un matin où j’étais las
Cernes sous les yeux, cheveux gras
Un des ces réveils où le miroir te semble louche
Comme s’il se vengeait de sentir ta bouche

Laborieusement, je cherchais mon cerveau
J’enlevais mes vêtements pour me mettre sous l’eau
Un vague rêve avait encore du faire de moi
L’ectoplasme de quelqu’un qui n’y arrive pas

Je sais pas vous mais souvent mes nuits me frustrent
Et je ne parle pas seulement de quand je dors
Je ne fais que subir les jours depuis des lustres
Le temps s’écoule et passe sur l’âme et le corps

Les yeux mi-clos, comme certains vivent leurs vies
Je sortais au GPS de la salle de bain
Traîner devant le miroir ne me fait plus envie
Que de tenter de m’user sur l’espalier qu’il ya dans le coin

C’était un matin ou j’étais las
Où je descendais douloureusement l’escalier
A la vitesse vive d’un koala
Comme si chaque marche était un palier

Le bois avait la mollesse de la tourbe
Ne sachant si je descends ou si je m’enfonce
Incapable d’imaginer que la roue tourne
Ou d’ambitionner à mes questions des réponses

Aussi vide qu’un cénotaphe
L’inverse le verlan d’un bison
D’un baiser j’aurais été l’aphte
Et de la parole un juron

J’allais comme le disciple d’un prophète
Sans réfléchir vers la machine à café…
… Regardant machinalement vers la fenêtre…
Mon jardin venait de s’enchanter…

C’était un matin où lui était là
Le printemps et sa lumière angélique
La rosée faisait des tenues de gala
Aux toiles d’araignées sous des rayons obliques

Les jonquilles rendirent jalouses mes paupières
Tellement elles s’étaient ouvertes pendant la nuit
La veille, penchées faisant la prière
Là, redressées comme si elles avaient été bénies

Sur la pelouse, les pâquerettes défilaient
Je t’aime, un peu, beaucoup, à la folie
La nature venait de sortir de son filet
Avait viré l’hiver pour soigner l’embolie

Ce froid obstruant les vaisseaux
Figeant longuement la sève de la vie
Laisse sa place au temps où il fait chaud
Ou chaque bourgeon sort de ses bandelettes de momies

Hier, ma vigne semblait toute morte
Elles pointent désormais des centaines de tétons ardents
Comme si l’adrénaline drainait ses aortes
Et que chacun de ses bras dansait en chantant

Le prunier est chatouillé par ses fleurs mutines
Qui donneront l’été de doux fruits sucrés
Je me vois déjà en faire de la confiture qu’on tartine
Et découvrir dans mon jardin de nouveaux secrets

J’ai envie de plonger au milieu des tulipes
Et que leurs couleurs me tatouent la peau
Comme une envie d’oublier tous mes principes
De me mettre tout nu, de chanter avec les oiseaux

J’ai envie de faire l’amour à la terre
De l’ensemencer avec ma bouche et mes doigts
……
… Mais qu’est ce que je fous par terre ?
Avec ce drap en coton sur moi
Est-ce un cauchemar, un rêve éphémère ?
Et pourquoi est ce que je sue comme ça ?

Dehors, j’ai l’impression que le soleil s’est mis à briller…..
Je n’ai qu’une seule envie…… Dévaler l’escalier


Je m’engage

C’est décidé je m’engage
Je vais me débrider crois moi
Les nuages noirs se dégagent
Et je ne parle pas de mon emploi

C’est décidé je m’engage
A enfin dire je t’aime
Les yeux grands ouverts vers le large
Sans craindre le moindre blasphème

Mon sextoy aux talons plats
N’est pas une japonaise
Limougeaude du Dorat
Adorable ode pas niaise

Moi le poète sans conscience
Je suis entrain de virer écolo
Economise l’eau et l’essence
Tandem pour voler sans vélo

Douces douches câlines à deux
Manger dans la même assiette
J’arbore un sourire radieux
Quand arrive l’heure de la sieste

Alors oui je m’engage
Pour plus de literie sans sommeil
A ronfler plein de rage
En butinant des rêves de merveilles

Je m’engage pour mon règne animal
D’être un toutou qui fait le canard
Le labrador qui dormait ancestral
Prend la place du rusé renard

Je vais suivre une nouvelle voix
Sans pour autant faire l’acteur
Le pirate dresse un nouveau pavois
Quand son corps serre à être l’auteur

Je bande baladé par ses yeux en amande
Je demande pale si la vie scieuse en veut à ma branche
Je mens mal si mon cœur mielleux me le commande
Je scande balloté par mon ange le dimanche

Je reprends l’école primaire du couple
Sans penser aux heures de colle du collège
Frisés mais lissés ses cheveux sont plus souples
Ses champs Elysées ma dernière cour de solfège

Je lui ferai un dico ou l’humour sera roi
Ou l’amour sera loi et que notre langue vienne
Retranscrire le murmure du bout de nos voix
La ou le temps meure, quand les poésies tiennent

Sur ses robes bercées par sa divine croupe
Je m’engage à continuer de jouer les machos
Même si c’est moi le plus féministe du couple
Je prépare mais Elle boit le plus de vin chaud

Je m’engage à mettre les pieds dans le plat
En portant un tablier sans aucun autre vêtement
Peut être juste quelques touches de chocolat
Sinon je pourrais avoir l’air bête non ?

Par contre je suis pas top niveau théâtre au citron
J’aime pas trop ceux qui aiment en faire des tartes
Mais je suis prêt à débattre à faire le dos rond
Tant qu’elle aimera déguster MA tarte

Et même si je sais que nous allons vers les récifs
La vie n’étant qu’un chemin vers le précipice
J’engage mes deux mains à le récurer au CIF
Que nos glissades soient des plus vives et propices

Désormais peu importe le temps qu’il fera
Peu m’importe ce qui se cache derrière la fenêtre
Les dieux, les hommes sont devenus froid
Moi je vais figer la chaleur de ce qui vient de naitre

A chaque jour sa genèse
Ce feu sans allumettes
Simple réveil de braises
Un soleil brille sur ma planète

Oulipo

L’Oulipo (OUvroir des LIttératures POtentielles) est un mouvement né dans les années 60 qui vise à s’imposer des contraintes particulières et originales d’écriture, qu’elles soient mathématiques, burlesques, légères ou profondes. Pérec et Queneau en étaient d’éminents membres.

Ci-dessous des textes écrits en suivant certaines contraintes justement…

Précieuses les ridicules (toutes les pièces de Molière)

21ème siècle, on atteint bientôt le quart
Bienvenue dans ce temps où l’on fait le grand écart
Les bourgeois tiennent le cap mais ne sont plus gentilshommes
Et la langue de Molière ne sort plus que par le rectum

Au Rectorat l’Ecole des femmes a pris sa place
Dans les Amphis triomphent les sciences sociales des paroisses
Les tweets ont cancellé les thèses des femmes savantes
Et les wokes ont fait science un monde virtuel qui s’invente

Et on se vante sans cesse d’être celui qui subit
L’imbécile devient un médecin malgré lui
IL prescrit à chacun des lubies égocentriques
Devant ce monde qui se flagelle, appelle moi le mec aux 100 triques

Sans dec, l’humain est sans tripes, même Dieu se constipe
Devant le croyant, il flippe se disant qu’il est con c’type
Le pire c’est que ce monsieur digne d’être de pourceau gnaque
Pour son confort de pensée, ah sur pour ça quel maniaque

Deux semaines sans se raser pour exposer ses touffes
Putain que je suis blasé devant ces luttes de tartuffe
On crée du racisme pour le combattre ça devient ouf
Les Précieuses Ridicules sont bourgeoises et sentent la truffe

Pour juger les néos, pas besoin de la VAR
Hors jeux sur les fâcheux trônant sur leur tour d’ivoire
Plus qu’un mode de pensée en insultant les autres
Si la violence est ton essence, franchement à qui la faute ?

Que Psyché se penche un peu sur leurs berceaux
Les imposteurs pullulent autant que des vermisseaux
Sur les fumiers ce sont des amants magnifiques
Féminos et fachos ou blackblocks et les flics

La France n’est pas un malade imaginaire
Elle vomit ses journalistes comme des mages inertes
Traitant en bactéries les gilets jaunes vénères
Et soignant son peuple à coup de police proche du meurtre

Ya plus rien qui nous heurte, humanité misanthrope
Comme si la connerie par le déni était mise en cloque
Les chanteurs parlent d‘amour mais ne sont plus que des peintres
Et maquillent les sentiments dans de vulgaires étreintes

Intestins infestés par des festins de pierre
Les Dom Juan se lestent l’esprit et ils en sont fiers
On se soucie peu au Qatar des maris qu’ont fondu
On se dandine au George V comme des canards corrompus

Inclusive l’écriture, quelle fourberie d’escarpin
Est ce par dépit amoureux qu’en manif elles battent le tapin
Tout ça pour se voiler la farce face aux mariages forcés
Aux Garcies de France et de Navarre , les plaisirs de l’IEL enchanté

Tant d’hypocrites défilent lors de pastorales comiques
Tant d’écolos se défient en joutes orales trop cosmiques
Ne crois pas que je sois critique quand décollent des femmes
Si inique la novlangue que je la colporte aux flammes

Sur l’amour, mes deux seins ne feront pas l’affaire
Mâle, hétéro et blanc on me promet l’enfer
Faut que je me pince, que ça cesse ces délits de faciès
Ou que je me taise, que j’m’efface et que j’aille faire la sieste

Des remèdes seins volent en voulant nous porter secours
Moi je laisse à l’Amérique leurs discours qui se gourent
Ils valident des pastiches aux extraits de Mein Kampf
Je me dis qu’on mérite quand même bien mieux que ça en France

Des décennies maintenant qu’c’est plus l’Ecole des Maris
Qu’on est loin des temps où c’était la barbarie
Je suis pas l’étourdi pensant que plus rien ne doit changer
Mais si on bannit toute nuance, c’est que nous sommes en danger

Ici, les contes de tess et d’Escobar gagnent à chaque fois
On remercie les rois dans cette réplique de la mafia
Une république ? C’est la seule qui a perdu la foi
L’impropre tue. De Versailles le monarque a gardé ses droits

C’gars n’a réellement rien compris, fait rugir le tonnerre
Pour lui, son peuple reste un cocu imaginaire
Dépité des députés nulle jalousie dont me débarbouiller
Pas prêt de m’agenouiller si tu veux m’écrabouiller

Que tu sois homme ou femme si tu touches à ma langue
T’étonnes pas que je morde et que revienne le boomerang
Il est tant de belles choses ici que les mots lièrent
Écoute donc cette maxime avant de me jeter des pierres

«D’une raillerie a-t-on lieu de s’aigrir » Comme le disait Molière

Slam de la Gaule (Vocabulaire d’Astérix)

Il était une fois une peuplade d’irréductibles
Souvent des sales gosses que l on pourrait qualifier de terribles
Ils vivaient dans un village retranché la poésie
Qui pour l empereur du spectaculaire était une hérésie

Rome vivait avec cette Idéfix
Que le monde devait se conquérir d une manière rentable
Que la guerre se déclare Cétautomatix
Quand ils se réunirent autour de la table

Le contrat proposé était ponctué d’une Astérix
Celle de se soumettre gentiment à César
Perdre leur liberté était un trop grand risque
Car soumis au commerce d’esclaves étaient tous ses arts

Les gaulois préfèrent le sanglier aux petits fours
Le sang lié ils décidèrent de s’unir face à Rome
Qui voulu bientôt les faire courber par la loi du plus fort
N’avaient pas marché les pièges du champagne et Babaorum

Ils s’écartèrent et suivirent leur Petibonum de chemin
S’implantèrent partout à commencer par Lutèce
Une fois tout conquis, César se prit la tête à 2 mains
Car les poètes implantés ne se laissaient pas test

Il en tomba sur le cul eut Malococcix
Se retrouva les bras ballants Abraracourcix

Pour les détruire, il y implanta quelques pirates
Afin de corrompre ces résistants par l intérêt
Se soumirent par ce biais quelques primates
Mais l’ensemble des rebelles tenaient bon, César était atterré

Il enclencha alors une guerre violente et frontale
En servant du bon consommable jusqu’ à la télévision
La morsure de crotale aurait pu être fatale
S’ils n avaient leur potion magique: la liberté d’expression

La résistance n’est pas une Assurancetourix
Elle ne permet pas toujours de garder une Bonemine
Mais souvent rien ne vaut mieux qu’une bonne rixe
Faire un tour et tout retranscrire d une bonne mine

Et c’est comme ça qu’on témoigne et qu’on lutte contre Rome
On aime la sale besogne, pas besoin de cd-rom
Ils savent qu’on est prêts et que nous sommes pour eux un virus
Que leur son digital jalouse au fond nos Stradivarius

Dans notre village Pictave, le camp romain c’est le TAP
Promouvoir la civilisation de la culture locale ils s’en tapent
Ils préfèrent honorer et alimenter leurs propres Obélix
Ils sont pour moi plus sales que les pervers matant sous des robes lisses

Je prends pas de bouclier Arverne pour lancer ces mots
La Grande Traversée est de dire pour moi ce que je pense
J’suis pas la pour leur promouvoir ma démo
Juste dénoncer qu’on a pas tous le même caviar dans la panse

Je n’ai pas encore un Agecanonix
Pourtant quand je vois le Panoramix
De nombreux gaulois deviennent intermittents des romains

Je me dis que je me ferais bien druide
Combattre ceux qui jouent de drôles de droides
Et qui se gavent allongés de grosses grappes de raisin

Alors oui on cultive, se rassemble pour transmettre l’héritage
Des résistants et des poètes comme Hannibal qui venait de Carthage

Baudelaire, Esope, Villon nous ont laissé des Serpes d’or
Leurs écrits sont des serpents qui dorment
Et nous gaulois savons les réveiller

On a reçu les bons signes de Shérahazade
On s’arrose d histoires à grands coups de rasades
Et faisons tout pour nous émerveiller

C’est que ça stimule une bonne bande de la Gaule
Qui nous empêchera de ne pas devenir des adultes?
Leur palais culturels les rendent souvent gogols
Leurs arènes ne sont pas des reines mais des putes
Elles seront détruites à grand coup de catapultes

On en fera une nouvelle discipline olympique
Où l’on détruira tout ce qui est de la civilisation romaine du pognon
Souvenez-vous de la Révolution et de ses piques
Ou l on voyait trôner nombres têtes de romains cuisinés à l’oignon

Excusez moi d être à ce point anthropophage
Mais tout est permis dans un slam dessiné
Alors pour le banquet final dans cette Falbala gauloise on servira du potage
Où l’on verra les couilles baignées de tout ceux précédemment désignés


Oh le PLB (Paires d’alphabet: AB BC CD….)

Oh PLB si tu savais combien je t’aime
Et te quitter pendant 8 mois ça me fait tellement de peine
Que je t’ai écris un poème

Je t’en prie ne trouve pas ça louche
Entends ces caresses de ma bouche
Et comme toutes ces lettres se touchent

M’ABC devant toi en buvant ta bière d’ABye
Me fait CD tout pantois, et CD litres que je filtre
Depuis le temps que je te côtoie, j’aurai du DCD 100 fois
D’art et DC sous ton toit, que j’aime y faire mon cinéma

Ici tu fais tellement D Eureux, alors comment te dire adiE
Avoir le visage radieux, alors que c’est comme si je quittais Dieu
Ta mousse a tellement de rEliF , sans parler de la barbe de StF
Tes nectars sont si divins qu’ici t’es bien plus que le chF

BrF, G H chaque fois que j’y pense au fond de l’œil une petite tâH
Jusqu’à HIaler tant ce gâHI me fait me friser la moustH
IcI J avais trouvé des bons HI, des bons burgers
IcI J toute la maJ de la joie, de la bonne humeur

La bière en tout K, L M croisé les lèvres d’OnizuK
La mamL il la Kresse dans ce palais au milles rois
L M NRV Harmo quand il s’amN devant la cible
Et que sa pN n’a pas de mO quand il la rate… lui qui se croyait invincible

Une ambiance digne de la MeiNO (Meinau), on oublie sa N O comptoir
Après des heures de burO Pnibles, on vient s’OQP d’bonnes histoires
Et si parfois dans le couloir une forte odeur de PQ R
C’est que les P Qmulent parfois de bonnes raisons d’être vénR

T’es CRS ou policier, si un dégoût en toi RST
Si t’es conteST, détST, plutôt que de te faire molST
Viens donc te délST de toutes ces raisons de pST
Au PLB, même des punks sont devenus des majST

T’a-t-on éT Utile depuis que tu as quiT la rU
Comme une séance d’UV dont certaines ici sont férU
Toi qui te sentait VrU ((verrue), es tu un peu moins inconnU
Ou moins NRV à la VriT que tu ne l’aurais crU ?

Moi, elles me font tellement rêV que je vois W (v)ers minuit
Ces mamelles ses W (v)erres que me sert sans cesse Adri
Et là mon Writable celui qui me sort de l’ennui
Bafouille et c’est regrettable je finirai tout seul au lit

Parfois quand même la fille pour qui tu prends des risques cèdent (XZ)
Mais le plus souvent toutes celles pour qui tu as le regard fixe s’aident(XZ)
Viennent te voir pour te dire « il faudrait vraiment que tu nous Z
Va manger un petY et dormir, t’es pas un acteur de X men »

En général, j’fabule et j’en perds mon alphabet
Une déclaration d’amour à un Bar c’est surement un ptit peu bête
Mais moi faut que j’monte la pression pour ne pas finir par tomber
Et que je boive pour oublier que vous allez me manquer le PLB


Le tour de France (86 villes de France Vienne représente)

Sur un Bordeauxtoroute après avoir été Limog(é)s
Un jour où je cassais la croûte, j’ai décidé de mettre ma vie en dAngers
Je voulais reprendre les Rennes de mon existence en main
Me battre comme un Lyon sans avoir à penser à demain

Avec Laval de ma Foix et de la conscience qui m’aNimes
Pour la première fois depuis une caValenciennes, j’ai décidé de vivre de mes rimes
Cap ou pas Gap en quelque sorte et qu’adVienne ma destinée
Je fis le Paris qu’une fois passée la porte je ne vivrais plus que pour l’innée

J’ai donc pris la route du sud, Issoire de faire un Tours
Pour voir mon Aix en Provence
C’était une belle Bourges Cambrai, pas très Douai
Mais avec une belle paire de Loches
et dont les Saint-Brieuc
Que m’avait fait rencontré la providence un soir de Strasbourg(ré)
Dans un baloche

C’était la fille d’un pinGrenoble, un ancien béké
Un kéké se vantant de maitriser le Rodez Antilles ainsi que le paso doble
On s’adorait car elle aimait se faire Bayonn(é)
Par des mecs aux poches remplies de monnaie
Des lords Anglet, en somme des seigneurs de Châteauroux

Elle n’aimait pas les Mou(,)lins comme l’autre
On adorait Béziers de Troyes à Sète heures
Les jours de canicule jusqu’à se faire péter les roTulle(s)

Mais bon comme c’était une vénale et que je n’avais Niort ni diamants
Elle me mit une Epinal œil pour que je ne sois plus son amant
Elle ne fut donc pas pour moi une reveNantes

Celle que je prenais pour une Saintes était en fait une Puteaux sales vices
Elle n’était Nice bijoux, ni une novice, ni mon astre
J’aurais bien du me douter qu’à la fin elle me Castres

Bon sur le coup je Dijoncte et me dit qu’il faut que je me Reims le cerveau
Donc pour ne pas me retrouver le Menton dans le Cannesniveau
Je me Cassis vite d’ici car ça craint trop

Direction la plage pour me déCarcassonne the beach sous les Pamiers
Où surprise pour la toute première fois, je crois JAnnemasse

Woaw !!! Il fait Auch, que Ca(l)hors !!!
C’est Cholet plages du sud en été…So chaux
Je sais pas vous mais moi ça m’Arras

Pourtant c’est apaisant de s’étendre sur les galets
Même si La Roch(,)elle est brulante
J’en Lens un pour faire un ricochet
J’aime Caen la rythmique de la vie est si Laonte

Et là, manque de Pau, je touche un type entrain de nager
Qui fait un malaise sous le choc car il était Agen
A ma grande surprise c’est un ecclésiastique, le PerPignan

En astiquant sa chique, il me parle Dax du bien et du mal et me lance de bonnes Vannes
Il a vraiment la banane, ce ClermontF(r)errand en le voyant deviser et boire son vin de Metz
Je me dis qu’il doit aimer la bonne Cher(,)bourg(é) aussi très souvent

En tout cas, il a le sens du Meaux et me raconte des histoires de Chatelleraut(co) où ils en ont dans le bAuxerre
Je l’inVitré vite au restoRouen
Il prend un bon morceau de hoMarseille(ant)
Et enchaîne avec du canard Marignane Vitryollé à l’Orange puante

Certains Angoulème, comme on peut trouver des femmes de conNarbonne

Toulon du repas, nous devisons Guéret paix de Tolstoï et sur l’existence de Dieu
Nan…cy…. Chi…non
En voyant son insistance vers Lorient, je songe que je manque de monoï et dois lui faire mes adieux

Et là il boit son Verdun coup, et me frappe d’un gros coup…
En me réveillant, je vois une Trappes qui s’ouvre et un accent ALeMans qui me happe

Vexé par mon agnosticisme, il m’a enlevé sur Lille de son monastère
Il ne fait pas les choses à Poitiers
Me voilà victime de Segrégation et je ne lui fais même pas pitié

L a morale de cette farandole de fous où je finis par me faire flouse….
Tou….louse

Pastiches

Valsatroce

(Pastiche de l’Albatros de Baudelaire)

Souvent pour s’amuser, les hommes d’influence
Prennent des ministres castrés, médusés, des maires
Qui suivent, insolents compagnons d’opulence
La politique glissant sur des gouffres amers

A peine le pantin coincé entre les planches
Que cette caricature, maladroit et honteux
Laisse piteusement ses espoirs, flanche
Comme si son avenir était tout aux dieux

Ce valseur emmêlé, comme il est gauche et veule
Lui naguère si bobo, qu’il est comique et laid
L’instant de grâce est sec et sa cruelle gueule
Mime le citoyen infirme que les firmes ont volé

Le Français est semblable au prince des huées
Qui vante la tempête et subit les marchés
La tête vers le sol, se mettant à suer
Son cerveau de gland l’empêche de rêver


La dormeuse du râle

(Pastiche du dormeur du Val de Rimbaud)

C’est un val fourré où pleure une rivière,
Accrochant follement ses baillons
Détergent ; où la misère castagne fière,
Luit : c’est une petite, mal, qu’on détrousse de ses rayons.

Un sot de la dale, jeune, bouche ouverte, fesses nues,
Et la queue saignant dans le frais cresson bleu,
Porc ; il bande comme une merde, sous l’inconnue,
Pâle dans sa cave, pervers où la lumière pleut.

Avec  ses potes et non seul, il est fort. Souriant comme
Souriraient des enfants malades, ils font une somme :
Pâture, branle-les chaudement : elle a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Elle vomit même le soleil, des mains sur sa poitrine,
Eux tranquilles. Deux trous rouges tachent cette proie


La maison murée

(Pastiche de San Francisco de Le Forestier)

C’est une maison murée
Adossée au centre ville
Si t’y remets les pieds, on te frappera
Ceux qui vivaient là, ont du voler la clé
Se retrouvaient ensemble
Après des années de route
Ils venaient s’asseoir autour du repas
Maintenant les parpaings montent jusqu’à la voute

Sans toit à Poitiers on s’enrhume
San Toit à Poitiers des feux s’allument
San toit à Poitiers, que faites vous
Clayes, le préfet, les juges, entendez moi

Errant dans le brouillard
glacé, se blottissant dans l’herbe
On leur avait ouvert la porte d’un espoir
Quelles sont froides désormais toutes ces nuits noires
Une autre s’ouvrira
pas le choix quand c’est le ciel
Qui nous sert de toit depuis un an ou deux
Et nous les gens heureux, on s’endort déjà

Sans toit à Poitiers on crève, sans toit à Poitiers on crève
Sans toi à Poitiers ! Que faites vous
Clayes, le préfet, les juges…. Entendez-moi

C’est une maison murée
Accrochée à nos mémoires
Si t’y remet les pieds, on te frappera
Ceux qui vivaient là avaient du voler la clé
Peuplée de mineurs isolés
De quelques lits et trucs pratiques
Elle est privée de lumière, condamnée par des fous
Notre humanité peine à rester debout

Si le cœur à Poitiers s’effondre
Si le cœur à Poitiers s’effondre
San cœur à Poitiers! Que faites vous
Clayes, le préfet, les juges, entendez-moi


Trompettes des confinés

(Pastiche de « Trompettes de la renommée » de Brassens)

Je vis mon confinement, loin de la place publique
Un peu dubitatif, et quand même colérique
Et quand je m’ennuie un peu, je passe sur internet
Et là grande surprise, je n’fais que voir vos têtes
C’est pas qu’elles sont pas belles, que c’est rébarbatif
Mais quand tous vos amis, se disent des créatifs
Pour eux vous n’êtes plus, qu’un simple réceptacle
Et tous les jours au fond, c’est le même spectacle

Facettes… Des egos développés
Vite faut pas que j’reste connecté

Avec une guitare, ou d’autres instruments
Ils poussent la chansonnette, en chantant fièrement
Attendant certainement, qu’on leur dise que c’est beau
Qu’ils sont des vrais poètes, des répliques de Rimbaud
Yen a qui font des clips, et les mettent sur Youtube
Une belle fille, un chic type, nous offre une interlude
En s’mettant presque à poil, vêtus de robes de chambre
Verra t’on leurs tétons, si elles s’mettent à descendre

Facettes… Des egos développés
Vite faut pas que j’reste connecté

On dirait que certains, sont des sosies d’ermite
Sont des poissons dans l’eau, quand chauffe la marmite
Affichent leur bonheur, de glander tranquillement
Car ça fait des années, qu’ils prennent des calmants
Yen a qui tous les jours, écrivent des poèmes
Et nous parle de l’amour, plutôt que de leur flemme
Leurs larmes mouillent le bois, et éteignent la flamme
Sortez donc et allez, rejoindre cette femme

Facettes… Des egos développés
Vite faut pas que j’reste connecté

Un bon pote du mellois, assez féru de sport
Fait des tours de maison, pour faire suer ses pores
Mais dès qu’il en marre, il part se faire la belle
Et profite du printemps, sur les rives de la Belle
Qu’il profite du grand air, je trouve ça plutôt chouette
Mais c’est presque impudique, comme des câlins sous la couette
Quand on pense à tous ceux, qui n’ont que leur balcon
Et ont la bonne idée, d’y faire leur marathon

Facettes… Des egos développés
Vite faut pas que j’reste connecté

Certains mettent en scène, carrément leurs enfants
Ou mettent en ligne leur ligne, reclus en s’affinant
Ne parlons pas de ceux, qui cuisinent comme des chefs
Photographient leurs plats, ne manquant pas d’relief
Moi qui arrête la clope, et qui sort d’une couvade
Qui habitant en ville, n’a pour seule promenade
Quelques allers retours, dans mon petit jardin
Ma bouée a devant elle, de jolis lendemains

Facettes… Des egos développés
Vite faut pas que j’reste connecté

Sous prétexte de culture, voir même de nostalgie
On sort de vieilles photos, où l’on souffle nos bougies
On cite les films qu’on aime, on publie pleins de listes
Et les publicitaires, remontent toutes les pistes
Pour attirer les foules, pour avoir votre égard
Dois-je annoncer en boucle, que mon couple se sépare
Ou pire encore je crois, afficher notre amour
Et rendre bien jaloux, les chiens fous, les vautours

Facettes… Des egos développés
Vite faut pas que j’reste connecté

Que tu veuilles faire le buzz, en cette période obscure
Ou que tu veuilles distraire, ton ennui le plus pur
Plutôt que d’amener, tous les gens dans ta ronde
Viens me parler à moi, plutôt qu’à tout le monde
Toute cette modernité, a quand même pour limite
D’émietter nos rapports, d’installer une vitre
Comme si tous tes contacts, avaient la même valeur
Et que de prisonnier, tu passais à voleur

Facettes… Des egos développés
Vite faut pas que j’reste connecté

Moi-même je suis fautif, la preuve avec ce texte
Peut-être au fond n’est-il, qu’un maladroit prétexte
Oui pour que tu m’appelles, ou me donne des infos
Ou pour quitter vraiment, ces réseaux asociaux
Entre sa vérité, et sa part de provoc
Qu’il soit vous un rien, ou un électrochoc
N’oubliez pas qu’en tant, que très mauvais chrétien
Moi plus je vous aime et, plus je vous châtie bien

Facettes… Des egos développés
Vite faut pas que j’reste connecté


L’or à son âge

(Pastiche de « l’Orage » de Brassens)

Parlez moi de ma fille, non pas de confinement
Les gouvernants m’dégoutent et m’font grincer des dents
Tous ces médias me mettent en rage
Alors comme cet amour est désormais sur terre
Pour son second printemps, j’oublie donc Jupiter
Pour ne pas devenir barge

Par un beau mois d’avril, pour tes quatorze mois
Je profite de tes rires, qui me laissent tout pantois
Et de tes tous premiers caprices
Quand je change tes couches, ça brise un peu l’ennui
Dieu merci d’puis deux mois, tu fais enfin tes nuits
Fini tes sirènes de police

Tu ne peux rester seule, faut toujours t’occuper
Bien bavarde comme ta mère, papa quel dur métier
Pauvre malheureux père pépère
Contraint de répéter, ça quelque soit le temps
Au moins vingt fois par jour, les même histoires qu’maman
Sinon tu deviens trop vénère

N’empêche qu’avec cette drôle histoire de pangolin
Tu t’réfugies sans cesse entre nos bras câlins
En profitant pour faire des tests
Tes grands cris bien stridents raisonnent dans la maison
Tu grimpes un peu partout, sans t’soucier d’l’horizon
Arracher les feuilles on déteste

Avec ton lopinou, bien assise en tailleur
Parfois tu nous observes l’esprit un peu ailleurs
Et on sent bien qu’tu prends de l’âge
Que le bébé en toi, p’tit à p’tit se tarit
Qu’une métamorphose s’opère quand tu souris
Presque prête à prendre le large

Car depuis quelques jours, le quatre pattes c’est trop peu
tu t’mets souvent debout pour t’élever un peu
Prête à partir vers l’inconnu
Je te sens bien focus, ma petite Vénus
A marcher un p’tit peu, façon roulette russe
Avec quelques chutes au menu

Ça sent le paradis, en cette période d’enfer
Avec mademoiselle, on sait toujours quoi faire
C’est bien mieux qu’d’être millionnaire
De se filmer sans cesse près d’une belle mer bleue
Ça pousse dans mon jardin, même les jours où il pleut
Et on câline bien sa mère

Dieu si je ne porte pas plainte, je me ferai combattant
Ne crois pas Jupiter, qu’avec ce confinement
On n’te tiendra pas tête ensemble
L’Histoire, elle contera, qu’tu es un assassin
Qui assèche les cœurs, et dont le seul dessein
Est une France fanée qui te ressemble

Poèmes

 Amour

La vie ce sont des cycles, ce sont aussi des phases
Des émiettements suivent les métamorphoses
Parfois un mot suffit, parfois il faut des phrases
Et toujours un poème est un bouquet de roses

J’ai voulu être un coq, petit roi de basse-cour
Picorant contre les murs des fantômes de graines
Et mon bec s’est usé, je criais au secours
Pensant ne plus jamais croiser de nouvelles reines

J’ai croisé des poulettes, y laissant quelques plumes
De mes trones d’argile, j’ai mordu la poussière
Du sol je me suis mis à regarder la lune
Elle avait ta clarté et j’aimais sa lumière

J’ai voulu être un lion et rugir de plaisir
Conquérant précoce à la recherche de proies
Dans ma crinière, mes locks de triste sire
Ont couronné la honte, non le destin d’un roi

J’ai croisé des félines, épargné par aucune
J’ai fini torturé et le cœur en lanières
Du sol je me suis mis à regarder la lune
Elle avait tes félures. J’ai aimé ses cratères

J’ai voulu être un oiseau, montrer mon envergure
Icare de l’amour, mes ailes furent de pacotille
Vers l’orage j’ai trainé toutes mes mauvaises augures
Errant, humant les airs des nuages de nicotine

J’ai croisé des rapaces et des griffes de rancune
Et j’ai du me cacher, planqué dans ma tanière
Du sol je me suis mis à regarder la lune
Elle avait ta beauté, une aura particulière

J’ai voulu être un géant, un dieu maniant la foudre
Maitriser le temps et que personne ne gomme
Poussières dans les yeux, je jetais de la poudre
Et souvent je n’ai fait que fuir comme un fantôme

J’ai croisé mes silences et mes cris d’infortune
J’ai pleuré ma mémoire dont je n’étais pas fier
Plein de larmes mon cœur fut atirré par la lune
Ton attraction si douce, je me suis laissé faire

Désormais ton reflet, confondu dans ton ombre
J’ai bien compris depuis que je sais que je t’aime
Qu’à vouloir me changer je n’avais fait que fondre
Je n’ai grandi en amour qu’en restant moi-même


Notre-Drâme

Je suis le poète en flammes qui vomit les dons
Une gargouille calcinée perchée sur son balcon
Si je grimace tant c’est que ma gorge s’assèche
Mon cri misérable se noie dans des milliers de prêches

 La tête prise dans un étau me donne le vertige
Le feu n´est rien face à ces gens de prestige
Venant cracher sur mes restes à coups de millions
Ils ne sont qu’une façade cherchant la rédemption

 Depuis mille ans déjà je chasse leur vanité
Et ils croient ces pêcheurs qu’au milieu des décombres
La poussière qui est notre commune destinée
Les mettrait en lumière sur le pied de ma tombe

 Moi je sais bien qu’ici nul ne ressuscite
Pas plus les princes précieux que les Quasimodo
Ca fait des siècles que tous ils se précipitent
La mort les coule comme l’eau sortant de mes boyaux

 Et je crache, je vomis l’hypocrisie des hommes
Les sermons, les oublis, même cette dame que l’on nomme
Je suis la gargouille enflammée par l’invisible
Je me brûle du vent et du dieu de la bible

 Même salie, calcinée , au dessus de vos têtes
Je resterai fièrement tel un démon moqueur
En pleine tempête je serai ce poète
Qui trouble votre regard et vous serre le cœur


Coquelicots de liberté

Mon enfance et ces mois de juin
Ces champs pleins de coquelicots
Où je m’enfonçais toujours plus loin
Portant l’errance en sac à dos

A chaque haie dans ce bocage
Je découvrais de nouvelles fleurs
Aucun oiseau n’était en cage
Ni papillons aux mille couleurs

Et là, je trace sur le bitume
Sans prendre le temps de m’arrêter
L’acier a bien lesté mes plumes
Il ne m’en reste qu’une pour remarquer

Que les blés sont propres et lisses
Aucune fleur, aucune ordure
Le glyphosate fait la police
Elles n’occupent plus que les bordures

Coquelicots de liberté
Rassurez vous, vous n’êtes pas seuls
Beaucoup de plantes de vérité
Ne peuvent plus ouvrir leurs gueules

Et qu’entre le printemps et l’été
On ne compte plus les pesticides
Infectant les champs, les télés
Ce sont les nuisibles qui décident

Promis je vous serai fidèle
Vous, lucides et beaux sur les bordures
L’orage un jour sera le ciel
Qui balaiera cet ordre dur

En pleine nature votre bouquet
Ravit mes sens jusqu’à mon coeur
Je m’ennivre à votre banquet
D’une espérance de vainqueur


Au jardin des plantes

 Il trône se prenant pour le roi
Au milieu du jardin des plantes
Ce pacanier un peu pantois
A la ramure d’épouvante

Sa couronne est faite de nids
Et une bonne vingtaine de corbeaux
Se croisent et croassent à l’infini
Et peu leur importe qu’il fasse beau

A croire que cette danse macabre
Cherche la pluie et le tonnerre
Et que le seul but de cet arbre
Est de nous mettre sur les nerfs

A côté, l’hêtre centenaire
A repoussé tous ces squatteurs
Il n’aime comme partenaire
Que les hommes doux et rêveurs

Il les incite à venir s’assoir
A contempler et à comprendre
Ce bal du matin jusqu’au soir
Une image du monde à prendre

Semblable à nos beaux journalistes
Cachant derrière leur doux plumage
Les durs vautours qui les habitent
Charognards sachant rendre hommage

En tournant en toutous autour
Du roi fou du jardin des plantes
Qui n’attend comme seul retour
De se nourrir de leurs fientes

Les corbeaux picorent les cancans
Le pancanier grandit au vent
Au milieu de tout ce boucan
Je m’allonge sous l’hêtre en rêvant

Qu’avec ses noix de pecan
Et du bois solide qui tombe
Un bout d’élastique tout tremblant
Mon tire-chail fasse l’effet d’une bombe


 Le merle

Dis ! Toi ! Le merle dans mon jardin
Oui ! Celui qui picore mes fraises
Ce serait bien qu’un beau matin
On se pose en face sur une chaise

A la limite que tu te serves
Ce serait presque naturel
Mais j’avoue que ce qui m’énerve
C’est que tes restes pourrissent au soleil

Ne seraient elles pas à ton gout
Tu les croques avant qu’elles ne murissent
Dois je imaginer ton dégout
Trop gourmet ou tu fais des caprices

Si tu dois toutes les essayer
Pour saisir qu’elles sont acidulées
Evite donc de les décrocher
Patience petit écervelé

Je vais pas leur mettre un filet
Comme on met un oiseau en cage
Si je dois finir par les voiler
Tu en subirais les dommages

Une dernière chose je te préviens
Toi qui commence à prendre tes aises
En juin si t’attaques mon raisin
Tu pourrais finir sur les braises


Nuages divins

C’est par une nuit de pleine lune
Que j’ai cerné son souffle divin
Plongé dans une certaine amertume
Un soir ou je n’avais pas bu de vin

Ici depuis des temps immémoriaux
On appelle cette bise salvatrice Eole
Je me dis que nous manquons chez nous de griots
Il est des choses que l’on enseigne pas à l’école

Les nuages flottent d’une cadence langoureuse décadente
D’où transpercent mille merveilles qui s’éventent
Pour celui qui n’a pas l’œil poétique

Je me demande le pourquoi de ce que l’on enseigne
Pourquoi tant de formules et de leçons qui nous saignent
L’imaginaire devrait être notre première source d’éthique


La mare des grenouilles

Le feu crépite dans un marais boueux
Une flamme marine bien debout. Eux,
La narine ne sentant pas la coupure
Tendent fièrement le bras, le cou: purs

Au droit de ce sol de sables mouvants
On décèle des fables, des mouvements
Rien des gazes dangereux inodores
Habitués au bruit, aux mauvaises odeurs

Peu leur importe que la France s’enfonce
Qu’on ne puisse plus s’accrocher qu’aux ronces
Envahissantes briseuses de parfum

Entendez vous le coassement des grenouilles
User ceux qui restent coi, s’agenouillent
Sur cette mare de nénuphars fins


La mer des lucioles

Poséidon est un dieu bien cruel
Même si sa maison est un beau linceul
L’Atlantide voit au cœur de ses ruelles
Les cadavres d’une humanité bien seule

Sous de frêles dunes que pensent les vestiges
De la connivence de leurs mondes engloutis
Leur longue agonie me donne le vertige
Tout autant qu’ils sombrent dans l’oubli

Les étoiles, elles aussi mort vivantes
Qui ne sont pas de celles qui se vantent
Ces nuits venantes ne seront que le reflet

De ces âmes lumineuses qu’on a perdues
Comme celles dans leurs pays qu’on a pendu
Pour qu’on se refuse de les camoufler


Il est des clowns

Il est des clowns cloués aux couilles
Clonés sous leur coquille de cagouille
Dont le maquillage n’efface pas le masque
Effrayants de la réalité de leurs frasques

Une femme de ménage sous l infamie
Surnage surprise par la famine
D’un soit disant bon père de famille
Dirigeant affligeant du FMI

Quand dans les couloirs ça ricane
Un machisme enflammé par jerrycan
Embrase ses yeux qui le maudissent

De leur pouvoir, ils finissent tous par abuser
Ces hommes Tron qui veulent s amuser
Les Domi-Nique Strauss-Kahn ou Baudis


Le radeau de la muse

Errant dans les vents vagabonds
Flottant sur une vague équivoque
Épris d’un galbe au beau rebond
Mon cœur n’est plus que bicoque

Ce radeau, comme un cadeau médusé
Si heureux de mouiller en son sein
La mer aux reflets verts semble s’en amuser
Tel ses doigts sur le clavier d’un clavecin

Et ça tape et ça clapote sévère
Le torture t’elle pour en tirer ces vers
Un bois humide peut il encore brûler

Le soleil asiatique et les îles désertes
Si l’on s’y croit à l’abri des tempêtes
N’empêche pas le tsunami d’hurler


L’hymen de révolte

A table les couverts grognent
De voir servir sans vergogne
Des assiettes Gorgones
Ne laissant miette pour leur trogne

Médusés de celles qui se gavent
Boursières des coffres et des caves
Ils grincent sentant l’heure grave
S’affûtent qu’on les prenne pour des braves

A gaver les méduses percées
Selon la légende de Persée
Il faut qu’ils les décapitent

Sans larmes fugaces à verser
Que Pégase puisse traverser
L’hymen de révolte qui palpite


Petites bohémiennes

Aux petites bohémiennes de mon école
Dont parfois les différences les isolent
Moi je vois la liberté dans vos sourires
Dans votre manière de sauter, de courir

Vos larmes inquiètes quand vous êtes séparées
Sont des bijoux de pureté dont vous vous parez
La puissance qui émane de vos liens familiaux
Est un beau fruit juteux autour de son noyau

Aujourd’hui, on unifie, on ne pardonne
Plus d’être un autre, moi je n’abandonne
Pas l’envie de vous laisser mâcher vos mots

Soyez libres et vous même dans l’enfance
Votre identité a bien plus d’importance
Que d’être fidèle à tous les autres marmots


Faits divers ou la stupidité même

Posé paisiblement le long de la rivière
En pleine image d’Épinal de poète
A siroter une fraîche petite bière
Au bord du canal c’était chouette

Quelques adolescents descendus du quartier
Étaient tranquilles et nageant à se rafraîchir
Quand une escouade de trois policiers
Vint tout simplement… le leur interdire

Contrôle d’identité et rappel à la loi
Pour ces jeunes complètement cois
Qui n’avaient que maillots et T-shirts

Comme quoi un simple arrêté municipal
En plein été me laisse le visage pâle
Écœuré que la loi puisse servir de chiottes