Le slam dans les classes

Par Virginie Mege

TIRÉ DE LA PAGE
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Poésie et Slam, même combat
Le Slam constituant l’expression d’une poésie originale, moderne et orale, pourquoi ne pas l’utiliser en classe et faire slamer les élèves ? L’idée est séduisante, encore faut-il savoir ce qu’est le Slam, identifier ce qu’il peut apporter dans le cadre de l’Ecole et imaginer comment on peut réellement l’intégrer dans les cours sans tomber ni dans l’exploitation-prétexte ni dans une démagogie stérile.

Le Slam est un « outil de démocratisation et un art de la performance poétique » explique la Fédération française de Slam Poésie (FFDSP). Il est un « lien entre écriture et performance, encourageant les poètes à se focaliser sur ce qu’ils disent et comment ils le disent ». Au départ, le principe du Slam est simple : après s’être inscrit, le slameur est invité à dire son texte en un temps limité (de trois à cinq minutes selon les scènes) et sans musique. Le public est indulgent et la récompense systématiquement acquise, le slameur se voyant offert un verre par le bar organisateur, quelle que soit la qualité de sa prestation. L’improvisation est permise mais la plupart du temps, le slameur travaille son texte en amont pour le scander avec perfection. Démuni de musique accompagnatrice, le Slam « a cappella » n’en est pas moins rythmé. Dans cette poésie de l’oral, les exploitations des sonorités et le pouvoir des mots sont à l’honneur. De quoi séduire, bien entendu, plus d’un professeur de français en quête d’un moyen de motiver ses élèves pour l’étude de la poésie.

Depuis environ deux ans, le Slam a investi les établissements scolaires, institutionnels et culturels français. Des médiathèques aux IUFM en passant par les bibliothèques, les théâtres, les établissements scolaires et les centres pénitentiaires, on semble le trouver partout. La Direction des Affaires Culturelles de la Mairie de Paris a d’ailleurs favorisé en 2006 les projets de Slam Productions, notamment de nombreux ateliers de Slam et d’écriture en milieu scolaire, au titre de « la culture, de la politique en faveur de l’égalité femmes / hommes et de la politique en faveur de la jeunesse ». Le site du CRDP de l’académie d’Amiens consacre quant à lui une « fiche technique » sur le slam et les expériences pédagogiques se multiplient. On peut s’interroger sur un tel engouement. Qu’apporte donc le Slam ? Pourquoi les écoles, collèges et lycées le plébiscitent tant pour les cours de français ?

Facile d’accès, peu contraignant, le Slam permet une nouvelle approche de la poésie ainsi qu’un travail de l’oral (en production et en réception) pour les élèves de primaire et les 6ème-5ème de collège. « Le slam c’est avant tout une bouche qui donne et des oreilles qui prennent. C’est le moyen le plus facile de partager un texte, donc de partager des émotions et l’envie de jouer avec des mots » précise le slameur Grand Corps Malade dont l’album Midi 20, véritable succès depuis mars 2006, s’est vu récompensé par deux victoires de la musique. Par le truchement du slam, les élèves sont donc invités à surmonter leur inhibition face à l’écriture et à découvrir la poésie.

Outre le côté ludique qui plaît aux plus jeunes, l’écriture slam présente aussi l’intérêt d’une sensibilisation concrète aux sonorités. Un professeur de français en témoigne dans un entretien avec le slameur dit « Vers Saint Rhétorique », de la S.L.A.M (Section Lyonnaise des Amasseurs de Mots) : « Ton intervention de trois heures devant mes élèves a été très bénéfique. Les allitérations, les assonances, les champs lexicaux… leur ont semblé tout à coup beaucoup plus concrets. Ils ont compris ce que signifiait la « musique des mots ». Tes exercices de slam devraient être intégrés aux manuels scolaires. » (1er février 2007). Les slameurs sont conscients de cette reconnaissance et ce même « Vers Saint Rhétorique » déclare : « A nos débuts dans le slam nous étions complètement décriés par les profs de français, entre autres. Ils n’étaient pas les seuls. Et la tendance s’est inversée. Maintenant les profs reprennent certains exercices pour intéresser les élèves à la langue ».

Il est vrai que les slameurs sont désormais régulièrement sollicités par les établissements scolaires. D’une manière générale, pour une intervention, il faut prévoir un slameur pour une dizaine d’élèves, l’atelier d’écriture étant facturé environ 50 euros de l’heure. Dans le cadre d’une scène slam, le budget s’élève à plus de 260 euros. Bien entendu, les prix varient selon les slameurs, les régions et la dimension du projet. Celui-ci reste en effet à définir.

Le Slam, plus qu’un moyen, devient parfois un réel objectif à atteindre. Ainsi certains professeurs n’hésitent pas à inclure le Slam dans une réelle pédagogie de projet. Les classes peuvent par exemple participer à des tournois de grande envergure, notamment au Slam Interscolaire organisé par la FFDSP dans la ville de Bobigny, le dernier en date du 26 au 30 juin 2007 ayant remporté un vif succès.

De façon plus modeste ou du moins dans une optique peut-être plus pragmatique et scolaire, le Slam peut être utilisé en fin de collège ou en lycée pour mieux comprendre la poésie engagée. De Melancholia de Victor Hugo dénonçant le travail des enfants du XIXème siècle industriel aux textes des artistes des banlieues d’aujourd’hui exprimant leur mal-être à coup de mots, il n’y a finalement qu’un pas, que le Slam aidera les élèves à franchir aisément. La visée argumentative demeure, la force de la mise en forme du langage reste omniprésente. Les professeurs peuvent envisager non seulement d’initier les élèves à l’écriture slam mais aussi les inciter à étudier des poèmes dits classiques, en les slamant. Le sempiternel exercice de récitation en prendra un sacré coup de jeune !

En fin de compte, slamer, n’est-ce pas revenir aux sources de la poésie antique ? Les slameurs eux-mêmes se réclament de la lignée littéraire traditionnelle et se considèrent comme de nouveaux poètes engagés. Il n’y a qu’à naviguer sur les sites Slam pour s’en convaincre. « Cocteau Molotov » de « La Tribut du Verbe » (à Lyon) explique par exemple que son pseudonyme est un « pastiche de Raskolnikov » puisé dans Crime et Châtiment. Il se définit comme un « artisan du mot », un « tueur à langages prêt à exécuter tout type de contrat poétique ». Cette même Tribut entend d’ailleurs « faire émerger le slam comme nouvelle discipline artistique. Les mots finissant toujours par sortir de leur définition, le slam devient un styloratoire ». Le slam est alors « un art basé sur des formes d’écritures et de déclamations poétiques renouvelées. Un art de dire en rythme ». Dans une démarche « poétique et scénique » la Tribut souhaite ainsi explorer « la terra incognita du slam, un pays redevenu vierge mais délimité par d’antiques bornes » car « la poésie slam est un croisement, une convergence de sources et de pratiques différentes ».

Pour ces slameurs, « la poésie n’est pas un vieil objet, une antiquité. Elle suit son temps en se déjouant de l’actualité. Elle est « mots-derne » en ce sens qu’elle fait circuler l’énergie des mots. Une énergie renouvelable. ». Le slam est, on le voit, à étudier alors comme mouvement culturel à part entière, au même titre que le romantisme ou le surréalisme. De plus, il ne renie pas ses racines. Poète oral contemporain, héritier de l’Antiquité, le slameur redevient le « fabricateur » de vers qui scande ses mots pour charmer son auditoire. Il y a là matière à réflexion pour les élèves et ceux-ci parviendront sans doute à mieux comprendre ce qui définit la poésie et ses origines.

Au-delà d’un simple phénomène de mode, le Slam est en train de devenir un véritable partenaire des enseignants de la langue française.
Il serait dommage de le nier…
et de s’en priver !

Historique

Onizuka anime des ateliers slam depuis 2007 dans la région Nouvelle-Aquitaine (Deux-Sèvres, Charente, Charente-Maritime, Haute-Vienne et Vienne) ainsi qu’en Indre et Loire et dans l’Indre.

Onizuka propose différentes formules à des classes ou à des groupes qui vont de l’initiation (6h) à l’approfondissement (16h) ou bien sur la création de spectacles ou de projets particuliers, ainsi que tout projet lié aux concours d’éloquence.

Une centaine de structures différentes ont fait appel à ses services et l’ont obligé à diversifier sa pédagogie et à l’adapter en fonction des publics rencontrés. Il s’est à la fois nourri de jeux déjà existants, d’échanges avec des enseignants, des gens du théâtre ou de l’improvisation, mais aussi a inventé de nombreux outils servant spécifiquement à l’écriture et/ou à la déclamation.

Son passé d’animateur l’aide à rendre ses ateliers rythmés et vivants. Le but n’est pas de rester à gratter une feuille seul à sa table, de favoriser les plus à l’aise, mais de vraiment amener une énergie collective, une curiosité individuelle sur ce que font les autres et un déblocage pour certains qui passera plus facilement par l’oralité que par l’écriture au départ. Cela est tout aussi valable pour les jeunes que pour les adultes.

Ses méthodes ont été reconnu par le milieu slam ( Salon européen de l’Education pour la Ligue Slam de France en 2010) mais aussi par les instances éducatives de la région, notamment la DRAC pour qui il a organisé déjà cinq slam intercollèges (2013–2015-2016-2018-2022) rassemblant différents établissements de la région Nouvelle-Aquitaine (anciennement Poitou-Charentes).

« Uppercut »
Slam intercollèges de Charente 2013

Il a surtout été appelé deux fois par le rectorat pour mener une formation auprès des enseignants ( 2015 et 2017) conjointement avec une autre slameuse Alice Ligier et un professeur agrégé de Lettres Kévin Saunders, lui même membre de l’association l’Astre en Moi.

En 2014, Onizuka a été aussi invité par l’université de La Rochelle pour un colloque intitulé « Lire et écrire en prison », afin d’apporter son témoignage sur les ateliers qu’il a mené dans les milieux carcéraux.

Il a aussi eu l’honneur d’être invité deux fois (2016-2018) à monter le spectacle pour la remise du Prix du roman contemporain-Jeunesse avec des jeunes et de faire jouer ces spectacles au TAP de Poitiers.

West Coast Slam

Le slam a ses valeurs d’ouverture, de tolérance, de partage et de bienveillance et produit des rencontres en tous genres.

Entre 2008 et 2015, des contacts privilégiés ont eu lieu entre les slameurs de Poitiers, Tours, Bordeaux, Nantes et Pau. Ce qui a incité les slameurs à venir fréquenter régulièrement les scènes des uns et des autres. Tout slameur ayant slamé sur au moins 4 scènes de ces différentes villes pouvait rentrer dans la West Coast Slam.

A l’initiative de ce mouvement avec Maras (Bordeaux), Zebiam (Pau), Naturel (Tours) et Amadeus (Poitiers), Onizuka tenait l’ambassade officielle à Poitiers.

« Au 27 » feat Amadeus

La West Coast Slam a fini par compter près d’une trentaine de membres qui ont gagné de nombreux tournois sur cette période. Citons pèle-mêle Grog (Poitiers), Méluzine (Poitiers puis Pau), Nico Las (Nantes), Alice (Nantes puis Poitiers), Daitoha (Bordeaux), Tom Tom (Nantes), Harmonitare (Poitiers), etc…..

Petite histoire du slam français

Au milieu des années 90, d’abord au nord de Paris (avec Pilote le Hot), dans le 93 ( Café Culturel de Saint Denis), puis petit à petit dans les grandes métropoles françaises (Lyon, Bordeaux, Nantes, Toulouse,….), le slam commence à s’implanter avec des scènes régulières et la création de premiers tournois nationaux et régionaux à partir de 2005 avec notamment le Grand Slam National et le Slam United, ou des projets comme Boucha’zoreilles ou les Nuits du Slam.

« Mourir pour se vider »
Finale championnat francophone de SLAM au Mans en 2015

Le milieu des années 2000 est le moment charnière pour le slam français avec l’émergence de Grand Corps Malade qui popularise le mouvement. A partir de 2005, de nombreuses associations voient le jour un peu partout en France et de nombreux tournois, prétextes à la rencontre, se créent à dimension nationale (GSN en 2005, Tremplin slam du Mans en 2006, Slam So What en 2008, Coupe de la Ligue Slam de France en 2011) ou régionale ( Slamenco de Nantes, Slam Fever de Rennes, SuperSlam de Tours, OSSO de Bordeaux, etc…). Dans les régions, et localement, de nombreux événements à destination des scolaires commencent aussi à naître, encrant le mouvement auprès des jeunes générations.

Après l’essor des années 2005-2013, le mouvement traverse une période créative où en plus des quelques grands tournois nationaux (Coupe de la Ligue et GSN notamment) , les associations cherchent à créer de nouvelles formes de rencontres, à taille plus humaine, et en sortant un peu du cadre du tournoi classique. Depuis 2015, de nombreux nouveaux événements créatifs ont vu le jour et s’implantent localement (Slam du Micro de Bois d’Aubagne depuis 2012, Slam du Magret d’Argent à Toulouse depuis 2015, O’Slam etc… à Josselin depuis 2014, Slam So Poit’ à Poitiers depuis 2017, Slamarobriva d’Amiens depuis 2017, les Joutes poétiques de Granville, Slam sur la Langue de Reims, etc….)

A l’orée des années 2020, le slam n’a jamais été aussi vivant en France.

Origines

Le SLAM de poésie (Poetry slam) apparaît au milieu des années 80 sur les scènes de Chicago aux Etats-Unis où son créateur Marc Smith se demande alors par quel outil il peut rendre la poésie accessible à un large public et lui donner une énergie scénique.

Il invente alors le SLAM avec des principes simples: un tournoi populaire où les jurys viennent du public, où les poètes viennent présenter un texte de leur composition de moins de 3 minutes (sous peine de pénalités), sans costumes, sans accessoires, ni aucun support musical. La performance doit venir du corps et de la voix seulement, peu importe la forme qu’elle prend ( chantée, scandée, rappée, murmurée, etc…), une performance a cappella qui ne doit jamais oublier une certaine dimension poétique….

« Au sein de l’éclipse »
Avec Marc Smith, créateur du slam et les membres fondateurs de la Ligue Slam de France

Ateliers d’écriture

Quand l’association l’Astre en Moi a vu le jour en 2007, très vite, elle a été sollicitée pour organiser des ateliers slam et faire découvrir la discipline. Ce fut un moyen aussi de trouver et fédérer des slameurs afin de pouvoir lancer la scène du Grand Kfé.

Onizuka organisait déjà des salons poétiques chez lui, et très naturellement s’est mis à mener les ateliers d’écriture. A l’époque, il préparait un capes d’Histoire-Géo et ça faisait déjà plus de 10 ans qu’il gérait des centres aérés et des colonies de vacances en tant qu’animateur, en parallèle d’une activité de surveillant de collège. Cette double casquette l’a servi pour se trouver une véritable vocation au point d’en faire son métier et d’avoir mener depuis des ateliers dans plus d’une centaine de structures différentes.

Tout d’abord bénévole, puis salarié de l’Astre en moi, en 2014, il prend un statut d’autoentrepreneur pour mener son activité sans renier pour autant son engagement associatif. Il est désormais reconnu par les milieux éducatifs, socio-culturels et carcéraux comme une référence.

« Goût amer » feat Esil
Atelier à la MFR de Gençay

Actualités

Vous trouverez ici les dates des différentes scènes slam de Poitiers, les différents tournois, les ateliers publics menés et d’autres projets en cours d’Onizuka:

  • Vendredi 6 janvier à la Blaiserie (Rue des frères Montgolfier, 86000 Poitiers) de 19h30 à 20h15 scène ouverte suivie d’un concert.
  • Vendredi 20 janvier à la Maison des projets (48 Av. de la Liberté, 86180 Buxerolles) atelier d’écriture de 17h30 à 19h30 suivi d’une scène ouverte de slam de 20h30 à 23h.
  • Vendredi 27 janvier au « Chauve souriant » (139bis rue Georges Guynemer 86000 Poitiers) de 20h30 à minuit scène ouverte de slam animée par Onizuka et Harmonitare.
« Miroirs de la renommée » feat Harmonitare
Slam au Palais de la Bière en 2020

Slamaster

En fondant l’association l’Astre en Moi, Onizuka a voulu créer une scène slam pérenne sur Poitiers pour que tous les slameurs du coin (et ils étaient nombreux et talentueux) puissent avoir un espace d’expression. Onizuka anime des scènes régulières depuis 2008 sur Poitiers:

Comme le MC dans le milieu hiphop, le slamaster est celui qui organise et anime la soirée, installe une ambiance propice à l’écoute, de la bienveillance, mais aussi l’énergie nécessaire pour que les performances puissent se nourrir du public, de leurs rires tout aussi bien d’un beau silence quand l’émotion est là. Il faut savoir enchaîner d’un texte à l’autre, gérer le rythme, redynamiser , encourager ceux qui hésitent…. Un slam n’est réellement réussi que quand une nouvelle voix s’est fait entendre. Les novices partagent la même scène et les mêmes règles que les anciens.

« Alunissons« 

Il a été invité à animer des scènes pour des événements comme le Reims Slam d’Europe ou le championnat francophone de slam du Mans.

Et dans la région Nouvelle- Aquitaine, il a animé aussi des scènes ponctuelles sur Niort, Châtellerault, Parthenay, Chauvigny, Thouars, Confolens etc…. Ainsi que pour différents festivals comme Cirque en scène, le festival de L’imprévu ou les Expressifs etc….

Slameur

Le slam permet de jouer avec une large palette d’écriture, parfois engagée, parfois satirique, parfois technique ou l’on joue sur les sonorités. Par les mots, nous pouvons surprendre, émouvoir, faire rire, éveiller les consciences, le tout en 3 minutes, pas plus pour laisser la place à tout le monde.

« Je de mots »
Vainqueur Slam So What 2013 pour Poitiers (avec Ypnova, Amadeus et Doudouch’ka)

Slamer, c’est à plusieurs. Quelqu’un qui fait un spectacle avec ses textes ne slame pas. Slamer, ce sont différentes voix qui se font entendre, passer d’un univers à un autre, accepter le partage de la scène, 3 minutes pour se faire entendre et tout le reste à écouter les autres.

Marc Smith, le fondateur du mouvement, a créé un tournoi « le Slam Poetry » qui permet aux différents orateurs, aux différents poètes de participer à des compétitions dans un esprit de bienveillance. On dit dans le slam que le meilleur poète ne l’emporte jamais pour souligner l’aspect subjectif de la notation.

Onizuka a toujours privilégié les compétitions collectives et a quelques performances à son « palmarès »:

  • 2009 finaliste du tremplin slam Le Mans Cité Chanson
  • 2013 vainqueur du Slam So What de Paris avec Poitiers (Amadeus, Ypnova et Doudouch’ka)
  • 2014 vainqueur du Slamenco de Nantes avec Poitiers (Tom Tom et Doudouch’ka)
  • 2015 vainqueur du Micro de Bois d’Aubagne avec Poitiers (Harmonitare et Doudouch’ka)
  • 2015 finaliste Mons Slam d’Europe avec Poitiers (Sarah et Doudouchk’a)
  • 2016 vainqueur de L’école du Magret d’argent de Toulouse avec Poitiers (Kikief et Harmonitare)
Finalistes Mons Slam d’Europe 2015

Ses débuts

« Vinyle »

Onizuka découvre le slam en 2000 via le film du même nom de Marc Levin. Il déclame ses premiers slams en 2003, avant de fréquenter ses premières scènes bordelaises à la Dibiterie en 2004…

Pour lui, c’est une révélation… Aussi bien inspiré par la chanson française, la poésie que par le rap, il trouve au sein de la scène slam émergente alors en France une liberté d’écriture et une liberté d’expression qui n’ont pas à s’affranchir de codes particuliers. Le virus est alors semé….

Onizuka au lancement la Ligue Slam de France à Reims en 2009

 Il cofonde avec Kévin Saunders (Kikief) l’association L’Astre en Moi en 2007 qui a implanté le mouvement à Poitiers et en région Poitou-Charentes (Nouvelle-Aquitaine).Il devient slamaster de la première scène pictave en 2008 sur le campus de Poitiers au Grand Kfé qu’il animera jusqu’en 2015. Il commence aussi à animer ses premiers ateliers d’écriture.

Il est le coach de l’équipe qui finira 3ème du Grand Slam National en 2008, participe au Slam Massacre au Confort moderne (avec notamment D’ de Kabal et Rouda) en 2008, se qualifie pour la finale du tremplin Slam Le Mans Cité Chanson en 2009 qui deviendra le championnat francophone de slam quelques années plus tard.

  En 2009, avec cinq autres slamasters Français, il fonde la Ligue Slam de France.

Ateliers d’écriture pour des associations

Que ce soit pour des ateliers, des performances, des démonstrations, des festivals ou l’animation de scène, Onizuka a croisé de nombreuses associations sur son parcours avec qui il a collaboré:

L’amie zik, Apemen, Poitiers Jeunes, Mayouri, Associo, Amac, Radio Pulsar, France Terre d’Asile, ATD quart Monde, Cirque en scène, les amis du Château d’Avanton, Kurioz, Un Hôpital pour les enfants, Compagnie de la dernière minute, etc…

Revue de presse

La Jarre sacrée du slam Français à Poitiers

Slam Intercollège de Montembeuf

LEP Chef-Boutonne (79)

Jeunes et malentendants (86)

Slam à l’abbaye de Celles/Belle (79)

Collège Jules Verne (86)

Les collégiens de Blanzac (16)

Spectacle à Blanzac (16)

Retour à Blanzac (16)

La bibliothèque de Buxerolles(86)

Slam intercollège de Charente

Les anciens de Confolens (16)

Les collégiens de Latillé (86)

Les jeunes de la maison des Projets de Buxerolles(86) …. et plus encore

Collège de Fontanes à Niort (79)

7 à Poitiers (page 20)

Sonnets

 

Nuages divins

C’est par une nuit de pleine lune

Que j’ai cerné son souffle divin

Plongé dans une certaine amertume

Un soir ou je n’avais pas bu de vin

 

Ici depuis des temps immémoriaux

On appelle cette bise salvatrice Eole

Je me dis que nous manquons chez nous de griots

Il est des choses que l’on enseigne pas à l’école

 

Les nuages flottent d’une cadence langoureuse décadente

D’où transpercent mille merveilles qui s’éventent

Pour celui qui n’a pas l’œil poétique

.. ..

Je me demande le pourquoi de ce que l’on enseigne

Pourquoi tant de formules et de leçons qui nous saignent

L’imaginaire devrait être notre première source d’éthique

 

 

La mare des grenouilles

Le feu crépite dans un marais boueux
Une flamme marine bien debout. Eux,
La narine ne sentant pas la coupure
Tendent fièrement le bras, le cou: purs

Au droit de ce sol de sables mouvants
On décèle des fables, des mouvements
Rien des gazes dangereux inodores
Habitués au bruit, aux mauvaises odeurs

Peu leur importe que la France s’enfonce
Qu’on ne puisse plus s’accrocher qu’aux ronces
Envahissantes briseuses de parfum

Entendez vous le coassement des grenouilles
User ceux qui restent coi, s’agenouillent
Sur cette mare de nénuphars fins

 

La mer des lucioles

Poséidon est un dieu bien cruel
Même si sa maison est un beau linceul
L’Atlantide voit au cœur de ses ruelles
Les cadavres d’une humanité bien seule

Sous de frêles dunes que pensent les vestiges
De la connivence de leurs mondes engloutis
Leur longue agonie me donne le vertige
Tout autant qu’ils sombrent dans l’oubli

Les étoiles, elles aussi mort vivantes
Qui ne sont pas de celles qui se vantent
Ces nuits venantes ne seront que le reflet

De ces âmes lumineuses qu’on a perdues
Comme celles dans leurs pays qu’on a pendu
Pour qu’on se refuse de les camoufler

 

Il est des clowns

Il est des clowns cloués aux couilles

Clonés sous leur coquille de cagouille

Dont le maquillage n’efface pas le masque

Effrayants de la réalité de leurs frasques

 

Une femme de ménage sous l infamie

Surnage surprise par la famine

D’un soit disant bon père de famille

Dirigeant affligeant du FMI

 

Quand dans les couloirs ça ricane

Un machisme enflammé par jerrycan

Embrase ses yeux qui le maudissent

 

De leur pouvoir, ils finissent tous par abuser

Ces hommes Tron qui veulent s amuser

Les Domi-Nique Strauss-Kahn ou Baudis

 

 

L’hymen de révolte

A table les couverts grognent
De voir servir sans vergogne
Des assiettes Gorgones
Ne laissant miette pour leur trogne

Médusés de celles qui se gavent
Boursières des coffres et des caves
Ils grincent sentant l’heure grave
S’affûtent qu’on les prenne pour des braves

A gaver les méduses percées
Selon la légende de Persée
Il faut qu’ils les décapitent

Sans larmes fugaces à verser
Que Pégase puisse traverser
L’hymen de révolte qui palpite

 

Petites bohémiennes

Aux petites bohémiennes de mon école
Dont parfois les différences les isolent
Moi je vois la liberté dans vos sourires
Dans votre manière de sauter, de courir

Vos larmes inquiètes quand vous êtes séparées
Sont des bijoux de pureté dont vous vous parez
La puissance qui émane de vos liens familiaux
Est un beau fruit juteux autour de son noyau

Aujourd’hui, on unifie, on ne pardonne
Plus d’être un autre, moi je n’abandonne
Pas l’envie de vous laisser mâcher vos mots

Soyez libres et vous même dans l’enfance
Votre identité a bien plus d’importance
Que d’être fidèle à tous les autres marmots

 

 

Faits divers ou la stupidité même

Posé paisiblement le long de la rivière

En pleine image d’Épinal de poète

A siroter une fraîche petite bière

Au bord du canal c’était chouette

 

Quelques adolescents descendus du quartier

Étaient tranquilles et nageant à se rafraîchir

Quand une escouade de trois policiers

Vint tout simplement… le leur interdire

 

Contrôle d’identité et rappel à la loi

Pour ces jeunes complètement cois

Qui n’avaient que maillots et T.shirts

 

Comme quoi un simple arrêté municipal

En plein été me laisse le visage pâle

Ecoeuré que la loi puisse servir de chiottes

 

 

Can I help you?

A coté de notre camp entre Mystra et Sparte

S’est établie une bien drôle de colonie

Aussi affabulateurs que des diseurs de cartes

Il parait qu’il est de grandes vérités que l’on nie

 

Ils sont la en mission et ils ont dans des cartons

Entassé 58000 bibles pour tout le Péloponnèse

Je ne peux m’empêcher de les prendre pour des charlatans

Quand approche de moi une française un peu niaise

 

Dès que l’on mélange religion et prosélytisme

Je me réfugie dans une sorte d’autisme

Surtout quand on me dit « Can I help you ? »

 

Je les mets au même niveau que les proxénètes

Les livrerais au tribunal devant un proc c’est net

Ils t’abordent avec le  vocabulaire  des voyous

 

Le radeau

Errant dans les vents vagabonds
Flottant sur une vague équivoque
Épris d’un galbe au beau rebond
Mon cœur n’est plus que bicoque

 

Ce radeau, comme un cadeau médusé
Si heureux de mouiller en son sein
La mer aux reflets verts semble s’en amuser
Tel ses doigts sur le clavier d’un clavecin

 

Et ça tape et ça clapote sévère
Le torture t’elle pour en tirer ces vers
Un bois humide peut il encore brûler

 

Le soleil asiatique et les îles désertes
Si l’on s’y croit à l’abri des tempêtes
N’empêche pas le tsunami d’hululer

 

Allons enfants

Partout peu importe ou nous passons

Il faut sans cesse que l’on en croise

A croire qu’ils se diffusent comme un poison

J ai l’impression qu’ils me portent la poisse

 

Que ce soit en famille ou en groupe

Des plus anciens aux adolescents

J’aimerais qu’ils nous lâchent la grappe

Ce voyage en serait moins blessant

 

C est tellement bon d’être dépaysé

Leurs voix commencent à m’épuiser

Car sans raisons ils croient qu’on est potes

 

Pourquoi sont ils si heureux de nous trouver ?

C’est ma patience qu’ils finissent par éprouver

Mes doux, mes chers et tendres compatriotes

 

Les fuites

Poitiers est une salle de bain avec en son centre un cabinet

Dont le carrelage lisse permet au maire de se mirer

Du haut de sa cabine il ne voit pas couler le robinet

Pour lui rien ne se fissure, tout est bien colmaté

 

Sous le sol pourtant les rats grattent le parquet

Loin des vies d’apparat venant du fond des égouts

Où l’on goûte le mépris de ceux qui viennent te braquer

Où la loi est une pisse te saisissant jusqu’au cou

 

Qu’il tire donc la chasse d’eau pensant évacuer sa merde

Qu’il arrose ses chiottes, le TAP ou le Confort Moderne

Pensant que son détergent effacerait les traces du Plan B

 

Là où la terre gronde c’est que poussent les mauvaises herbes

Toute une armée de nuisibles envahissent les tuyaux de la plèbe

Même le marbre peut exploser si on se passe de plombiers

 

 

Intimité?

Sept huit regards dépassent du bord de la piscine

Pour lorgner au loin sous les dessous d’un cyprès

Une jeune amoureux et sa future petite copine

Ah s’ils savaient qu’on les observe de si près

 

Ils se parlent depuis  plus d’un quart d’heure

On sent bien qu’ils sont gênés par leurs deux mains

Lui se gratte la tète, elle remet en place son débardeur

On s’impatiente se disant qu’il faudrait attendre demain

 

Mais à un moment sans que l’on sache pourquoi

Elle s’approche de lui qui reste un peu coi

Pour lui offrir leur tout premier bisou

 

Et ce pas vers l’inconnu sert à les masquer

Nous restons sur notre faim nous les embusqués$

Le destin leur a laissé leur intimité, allez zou…              ….

 

Un réveil

Il est des choses naturelles à l’âge des ados

Qui passé les trente ans est une sorte de cadeau

Depuis dix jours maintenant au réveil dans ma tente

Se produit un renouveau en forme de détente

 

C’est pas que j’avais oublié ce phénomène

Mais c’est pas tous les jours que les fées nous mènent

Vers une sensation affirmant notre vitalité

En sortant des bras de Morphée que l’on vit alité

 

Et celle dont je vous parle n’est pas d’une certaine mollesse

Je serai tenté d’affirmer que c’est d’une parfaite noblesse

De la lignée droite et fière du Général de Gaule

 

Que chaque matin je me retrouve au garde à vous

Baigné en pleine jouvence je vous l’avoue

Quelle belle tradition que la gaule !!!

Le slam dans les classes

Par Virginie Mege

TIRÉ DE LA PAGE
http://WWW.CAFEPEDAGOGIQUE.NET/LEMENSUEL/LENSEIGNANT/LETTRES/FRANCAIS/PAGES/2007/88_DOSSIERSLAM.ASPX

Poésie et Slam, même combat
Le Slam constituant l’expression d’une poésie originale, moderne et orale, pourquoi ne pas l’utiliser en classe et faire slamer les élèves ? L’idée est séduisante, encore faut-il savoir ce qu’est le Slam, identifier ce qu’il peut apporter dans le cadre de l’Ecole et imaginer comment on peut réellement l’intégrer dans les cours sans tomber ni dans l’exploitation-prétexte ni dans une démagogie stérile.

Le Slam est un « outil de démocratisation et un art de la performance poétique » explique la Fédération française de Slam Poésie (FFDSP). Il est un « lien entre écriture et performance, encourageant les poètes à se focaliser sur ce qu’ils disent et comment ils le disent ». Au départ, le principe du Slam est simple : après s’être inscrit, le slameur est invité à dire son texte en un temps limité (de trois à cinq minutes selon les scènes) et sans musique. Le public est indulgent et la récompense systématiquement acquise, le slameur se voyant offert un verre par le bar organisateur, quelle que soit la qualité de sa prestation. L’improvisation est permise mais la plupart du temps, le slameur travaille son texte en amont pour le scander avec perfection. Démuni de musique accompagnatrice, le Slam « a cappella » n’en est pas moins rythmé. Dans cette poésie de l’oral, les exploitations des sonorités et le pouvoir des mots sont à l’honneur. De quoi séduire, bien entendu, plus d’un professeur de français en quête d’un moyen de motiver ses élèves pour l’étude de la poésie.

Depuis environ deux ans, le Slam a investi les établissements scolaires, institutionnels et culturels français. Des médiathèques aux IUFM en passant par les bibliothèques, les théâtres, les établissements scolaires et les centres pénitentiaires, on semble le trouver partout. La Direction des Affaires Culturelles de la Mairie de Paris a d’ailleurs favorisé en 2006 les projets de Slam Productions, notamment de nombreux ateliers de Slam et d’écriture en milieu scolaire, au titre de « la culture, de la politique en faveur de l’égalité femmes / hommes et de la politique en faveur de la jeunesse ». Le site du CRDP de l’académie d’Amiens consacre quant à lui une « fiche technique » sur le slam et les expériences pédagogiques se multiplient. On peut s’interroger sur un tel engouement. Qu’apporte donc le Slam ? Pourquoi les écoles, collèges et lycées le plébiscitent tant pour les cours de français ?

Facile d’accès, peu contraignant, le Slam permet une nouvelle approche de la poésie ainsi qu’un travail de l’oral (en production et en réception) pour les élèves de primaire et les 6ème-5ème de collège. « Le slam c’est avant tout une bouche qui donne et des oreilles qui prennent. C’est le moyen le plus facile de partager un texte, donc de partager des émotions et l’envie de jouer avec des mots » précise le slameur Grand Corps Malade dont l’album Midi 20, véritable succès depuis mars 2006, s’est vu récompensé par deux victoires de la musique. Par le truchement du slam, les élèves sont donc invités à surmonter leur inhibition face à l’écriture et à découvrir la poésie.

Outre le côté ludique qui plaît aux plus jeunes, l’écriture slam présente aussi l’intérêt d’une sensibilisation concrète aux sonorités. Un professeur de français en témoigne dans un entretien avec le slameur dit « Vers Saint Rhétorique », de la S.L.A.M (Section Lyonnaise des Amasseurs de Mots) : « Ton intervention de trois heures devant mes élèves a été très bénéfique. Les allitérations, les assonances, les champs lexicaux… leur ont semblé tout à coup beaucoup plus concrets. Ils ont compris ce que signifiait la « musique des mots ». Tes exercices de slam devraient être intégrés aux manuels scolaires. » (1er février 2007). Les slameurs sont conscients de cette reconnaissance et ce même « Vers Saint Rhétorique » déclare : « A nos débuts dans le slam nous étions complètement décriés par les profs de français, entre autres. Ils n’étaient pas les seuls. Et la tendance s’est inversée. Maintenant les profs reprennent certains exercices pour intéresser les élèves à la langue ».

Il est vrai que les slameurs sont désormais régulièrement sollicités par les établissements scolaires. D’une manière générale, pour une intervention, il faut prévoir un slameur pour une dizaine d’élèves, l’atelier d’écriture étant facturé environ 50 euros de l’heure. Dans le cadre d’une scène slam, le budget s’élève à plus de 260 euros. Bien entendu, les prix varient selon les slameurs, les régions et la dimension du projet. Celui-ci reste en effet à définir.

Le Slam, plus qu’un moyen, devient parfois un réel objectif à atteindre. Ainsi certains professeurs n’hésitent pas à inclure le Slam dans une réelle pédagogie de projet. Les classes peuvent par exemple participer à des tournois de grande envergure, notamment au Slam Interscolaire organisé par la FFDSP dans la ville de Bobigny, le dernier en date du 26 au 30 juin 2007 ayant remporté un vif succès.

De façon plus modeste ou du moins dans une optique peut-être plus pragmatique et scolaire, le Slam peut être utilisé en fin de collège ou en lycée pour mieux comprendre la poésie engagée. De Melancholia de Victor Hugo dénonçant le travail des enfants du XIXème siècle industriel aux textes des artistes des banlieues d’aujourd’hui exprimant leur mal-être à coup de mots, il n’y a finalement qu’un pas, que le Slam aidera les élèves à franchir aisément. La visée argumentative demeure, la force de la mise en forme du langage reste omniprésente. Les professeurs peuvent envisager non seulement d’initier les élèves à l’écriture slam mais aussi les inciter à étudier des poèmes dits classiques, en les slamant. Le sempiternel exercice de récitation en prendra un sacré coup de jeune !

En fin de compte, slamer, n’est-ce pas revenir aux sources de la poésie antique ? Les slameurs eux-mêmes se réclament de la lignée littéraire traditionnelle et se considèrent comme de nouveaux poètes engagés. Il n’y a qu’à naviguer sur les sites Slam pour s’en convaincre. « Cocteau Molotov » de « La Tribut du Verbe » (à Lyon) explique par exemple que son pseudonyme est un « pastiche de Raskolnikov » puisé dans Crime et Châtiment. Il se définit comme un « artisan du mot », un « tueur à langages prêt à exécuter tout type de contrat poétique ». Cette même Tribut entend d’ailleurs « faire émerger le slam comme nouvelle discipline artistique. Les mots finissant toujours par sortir de leur définition, le slam devient un styloratoire ». Le slam est alors « un art basé sur des formes d’écritures et de déclamations poétiques renouvelées. Un art de dire en rythme ». Dans une démarche « poétique et scénique » la Tribut souhaite ainsi explorer « la terra incognita du slam, un pays redevenu vierge mais délimité par d’antiques bornes » car « la poésie slam est un croisement, une convergence de sources et de pratiques différentes ».

Pour ces slameurs, « la poésie n’est pas un vieil objet, une antiquité. Elle suit son temps en se déjouant de l’actualité. Elle est « mots-derne » en ce sens qu’elle fait circuler l’énergie des mots. Une énergie renouvelable. ». Le slam est, on le voit, à étudier alors comme mouvement culturel à part entière, au même titre que le romantisme ou le surréalisme. De plus, il ne renie pas ses racines. Poète oral contemporain, héritier de l’Antiquité, le slameur redevient le « fabricateur » de vers qui scande ses mots pour charmer son auditoire. Il y a là matière à réflexion pour les élèves et ceux-ci parviendront sans doute à mieux comprendre ce qui définit la poésie et ses origines.

Au-delà d’un simple phénomène de mode, le Slam est en train de devenir un véritable partenaire des enseignants de la langue française.
Il serait dommage de le nier…
et de s’en priver !

Pédagogie des ateliers slam d’Onizuka

Le but c’est de rendre accessible et enrichir la déclamation poétique, du jeu de l’écriture et de la parole, à la performance scénique; par une pratique conviviale, vivante et interactive.
En somme, ces ateliers visent à respecter l’étymologie même du mot poésie (action de faire, création de textes) et lui donner une dimension slam dans le partage oral.

Pour cela, nous instaurons une ambiance conviviale en cercle pour favoriser l’écoute. Les premiers jeux sont simples, courts et oralisés histoire que chacun apprivoise sa voix en public. Ensuite les jeux concernent différents outils poétiques (allitérations, alexandrins, jeux de mots, etc…) servant la rythmique orale tout comme la forme écrite.
Les premières déclamations sont courtes (vers simples, quatrains) pour favoriser le coté vivant et rythmé de l’atelier. Puis une fois ces quelques outils acquis, nous passons à la constitution de textes à part entière, seul ou en duo, toujours avec une contrainte particulière sous forme de jeux ou de défis (placer des mots, contrainte orale; etc…)
Vient le premier tour de slam à proprement parler où tout le monde déclame son texte
Ensuite, nous travaillons l’oralité du texte sur des contraintes de prononciation, de ponctuation et de corporalisation.
Plus les séances avancent, plus on « slamifie » l’écriture avec des concepts (sur le thème, les sons, etc…) ou des contraintes à tendance oulipienne.

L’aboutissement d’un atelier slam est la prise du micro sur scène (dans ou à l’extérieur de la structure). Pour chaque participant (professeurs ou encadrants compris car on vous fait participer bien sur), ça reste généralement un souvenir tout à fait particulier, qu’on ait fait rire, qu’on se soit mis en colère, qu’on ait touché, qu’on ait fait pleurer, qu’on se soit  révêlé, qu’on ait marmonné ou encore qu’on ait été simplement surpris de ce moment de poésie vivante.

Un slam n’est jamais anodin…

 

« La fuite des cerveaux »